L'actu. Près de 28 ans après le crime de Montigny-lès-Metz, alors que s'ouvre lundi un nouveau procès, les familles des deux victimes espèrent encore savoir qui a tué leurs enfants. Francis Heaulme sera dans le box des accusés de la cour d'assises de Metz, pour ce double homicide. Pourtant, les gendarmes ne se sont pas tout de suite intéressés au "routard du crime", finalement mis en examen en 2006 dans cette affaire.
Un récit détaillé. Le premier à faire le rapprochement entre le crime de Montigny-lès-Metz et Francis Heaulme est le gendarme Jean-François Abgrall. C'est lui qui avait obtenu ses premiers aveux, dans d'autres affaires. En juin 1992, Francis Heaulme lui raconte qu'il est allé dans l'est de la France, faire une promenade à vélo, le long d'une voie de chemin de fer, qui se trouve en haut d'un talus. Heaulme détaille que des pavillons se trouvent sur la gauche. Au bout du chemin, un stop, une poubelle et un pont. Heaulme raconte qu'il reçoit des cailloux, jetés par deux gamins, alors qu'il passe en vélo. Il part alors faire un tour et, selon ses dires, quand il revient, les enfants sont morts et un camion de pompiers est sur place.
Une affaire résolue à l'époque. Le gendarme Abgrall sait que Francis Heaulme n'invente jamais rien. Au pire, il mélange les histoires. Il recherche alors dans les dossiers non élucidés une affaire qui ressemble à ce que le tueur en série lui a raconté mais fait chou blanc. Et pour cause : à cette époque, Patrick Dils a déjà été condamné pour ce crime. L'affaire est donc résolue aux yeux de la justice. Abgrall fera un signalement à sa hiérarchie en octobre 1997, mais la note ne sera prise en compte que des années plus tard.
Un nouveau témoignage 15 ans après. La famille de Patrick Dils se bat alors pour que les enquêteurs s'intéressent au témoignage recueilli par Jean-François Abgrall. Pour elle, la présence de Francis Heaulme sur les lieux du crime ne fait aucun doute. Deux pêcheurs, entendus pour la première fois au procès en appel de Patrick Dils, 15 ans après le crime, affirment avoir vu Heaulme le soir du meurtre, le visage ensanglanté à quelques kilomètres de l'endroit où les petites victimes ont été retrouvées.
Des confidences à un codétenu. En avril 2001, un codétenu de Francis Heaulme affirme à son tour que le tueur en série lui a fait une confidence. Selon lui, son compagnon de cellule lui a raconté qu'il était passé le jour du crime avec un routard d'Emmaüs et que des enfants lui avaient jeté des pierres. Heaulme lui aurait dit être revenu plus tard, seul, pour tuer les enfants.
Des pièces à conviction détruites. Une grande partie du dossier repose donc sur des témoignages car de nombreuses pièces à conviction, dont certaines auraient pu permettre des vérifications ADN, ont aujourd'hui disparu. Les scellés ont en effet été détruits, légalement, quelques années après la première condamnation de Patrick Dils. "A l'époque il n'y avait pas de cour d'assises d'appel, Patrick Dils était un condamné définitif", explique Me Thierry Moser, l'avocat de la famille d'une des victimes. Mais pour les enquêteurs qui ont travaillé sur le dossier, pas de doute : le crime de Montigny porte la "quasi-signature criminelle" de Francis Heaulme. La justice aura trois semaines pour trancher.
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