Qui est le violeur et l'assassin présumé d'Agnès, 13 ans ? L'horreur des faits pousse à s'interroger sur la personnalité et l'histoire du jeune homme de 17 ans qui a reconnu avoir violé, tué puis brûlé Agnès. Mineur, il encourt néanmoins la perpétuité et a été incarcéré samedi.
Il reconnaît le viol et le meurtre… Les aveux du jeune homme sur ce terrible mercredi après-midi ont été "évolutifs", selon la formule du procureur. Dans un premier temps, il avait simplement concédé être parti cueillir des champignons hallucinogènes avec Agnès qu'il disait avoir alors simplement "bousculée". Ses précisions sur les circonstances de la mort "extrêmement violente et brutale" de la jeune fille ne sont venues que plus tard.
"Très froid et sans émotion"
C'est d'ailleurs sur les indications du lycéen que le corps de la collégienne a été découvert calciné vendredi soir dans un bois avoisinant le collège-lycée Cévénol du Chambon-sur-Lignon, l'établissement que fréquentaient les deux jeunes gens. D'après le procureur, le jeune homme est resté "très froid et sans émotion" lors de ses déclarations.
… mais pas la préméditation. Le jeune homme, pour l'instant, ne reconnaît pas avoir planifié ses crimes. La préméditation ne semble, pourtant, pas faire de doute pour le procureur qui a souligné que le lycéen s'était muni d'"objets" avant de partir en balade avec la jeune fille. Toujours selon le procureur, le jeune homme s'était même procuré ces objets quelques jours auparavant.
Un adolescent "sans histoire" jusqu'à l'été 2010
Issu d'une famille sans histoire. Aîné de trois enfants, le jeune homme a grandi à Nages-et-Solorgues, un village paisible non loin de Nîmes, selon la presse locale. Dans La Dépêche du Midi, le maire de ce village décrit une famille "normale" : les parents du lycéen, un enseignant et une comptable, sont, d'après lui, "des gens travailleurs, sans histoire". "Ils dirigeaient notamment une association de théâtre amateur. Le fils, lui-même aîné des trois enfants jouait un rôle actif auprès de ses parents", a aussi confié l'élu sous le choc. Ce dernier a décrit au micro d'Europe 1 un adolescent "calme, réservé, replié sur lui-même, mais qui faisait une équipe très soudée avec ses camarades et notamment la victime".
Un premier viol présumé en août 2010. Sans histoire jusqu'à l'adolescence, le jeune homme bascule une première fois en août 2010. Il a alors 16 ans. Une ancienne camarade de classe l'accuse de l'avoir violée "dans la pinède près du village" sous la menace d'une arme, relate La Dépêche du Midi. "C'était la même chose sauf que la victime est restée en vie", a estimé samedi le procureur à propos de cette première agression sexuelle. I
nterrogée par Europe 1, la mère de la jeune fille, estime que c'est un miracle si celle-ci est toujours en vie : "Salomée le connaissait déjà, donc elle connaissait un petit peu son caractère. Et quand elle a vu son regard changer, elle m'a dit 'je savais que j'allais mourir'. (...) et puis elle a su négocier, elle a su lui parler", raconte-t-elle. "J'ai aussi appelé à ce moment-là, peut-être que ça aussi ça a fait, son téléphone a sonné, elle lui a dit 'c'est ma mère qui m'appelle et ma mère viendra me chercher. Donc il est peut-être pas passer à l'acte à ce moment-là", se souvient la mère de Salomée.
Mis en examen, le lycéen passe quatre mois en détention préventive avant d'être libéré sous contrôle judiciaire "strict", selon le procureur. Ces conditions prévoient un éloignement du Gard et une scolarisation en internat. C'est ainsi que le jeune homme arrive, en novembre 2010, au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire.
"Il ne présentait pas de dangerosité"
Soumis à un suivi "strict" mais jugé "réinsérable". Lorsqu'il arrive fin 2010 en 1ère au lycée du Chambon-sur-Lignon, le lycéen est jugé "adaptable" et "réinsérable". Dimanche, la direction de l'établissement a affirmé n'avoir jamais été informée de la nature des antécédents judiciaires du jeune homme.
Samedi, le procureur avait de son côté assuré que l'établissement était au courant du passé tourmenté du lycéen. Les expertises ont établi "qu'il ne présentait pas de dangerosité, mais la psychiatrie n'est pas une science exacte", a, par ailleurs, souligné le procureur. Il respectait son suivi judiciaire et médical, selon le procureur. "Il était suivi par un psychiatre, puis un psychologue dans l'établissement" du Chambon-sur-Lignon, a-t-il détaillé. D'après les informations d'Europe 1, certains de ses camarades étaient au courant de sa situation.
Un problème de stupéfiant. Selon le procureur, le jeune homme avait été "sevré" de son "problème de stupéfiant" "depuis son passage en maison d'arrêt". Etait-il dans son état normal le mercredi du drame alors qu'il allait, selon ses dires, cueillir des champignons hallucinogènes ? "Il nous avait dit qu'il avait fait de la désintox", a raconté une de ses ex-camarades de classe à l'envoyé spécial d'Europe 1. Le procureur estime, pour sa part, que les faits n'ont pas été commis sur un coup de tête. D'après lui, le jeune homme n'a pas non plus été vu "dans un état anormal" le mercredi avant le drame.
"Il pouvait avoir des coups de sang"
Des témoignages contrastés. "C’était un garçon intelligent qui se cherchait, qui avait des difficultés d’ordre familial et comportemental et avait besoin de parler", a témoigné Anne-Sylvie Debard, membre du bureau des parents élèves, dans Le Parisien dimanche. Toujours d'après elle, "il pouvait avoir des coups de sang mais comme beaucoup de jeunes de son âge. Il aimait écouter de la musique et jouait de la guitare. Personne ne pouvait prédire ce qui s’est passé".
"Il était parfois louche"
Ses camarades de lycée dressent un portrait trouble : celui d'un jeune homme isolé. "Il était parfois louche, il avait des manières bizarres", a raconté Laure, dans la même classe que lui l'an dernier, à l'envoyé spécial d'Europe 1, avant d'ajouter : "on pensait pas qu'il serait capable de faire ça".