La justice va-t-elle démêler le mystère autour de la mort de Younes, quatre ans ? Près de deux ans après la disparition de l'enfant au Bizet, à la frontière franco-belge, le procès de son père, Mohamed Jratlou, un Marocain de 71 ans, a démarré mercredi aux assises du Hainaut, à Mons en Belgique. Le père est le dernier à avoir le jeune garçon dans la nuit du 25 au 26 octobre 2009. A l'issue de ce procès qui doit durer une dizaine de jours, il encourt trente ans de réclusion.
Après sa disparition, d'importantes recherches avaient été mises en œuvre dans les deux pays alors que la Belgique craignait une nouvelle affaire d'enlèvement d'enfant, près de 15 ans après l'affaire Dutroux.
Younes avait finalement été retrouvé mort dans les eaux de la rivière Lys, le 10 novembre 2009 à Comines.
Sa femme s'est constituée partie civile
Lors de la première audience, le père a affirmé que Younes avait disparu de la maison à la suite d'une violente dispute avec sa femme. Assise dans le public, sa femme, Naïma Zraidi, 45 ans, qui s'est constituée partie civile mais qui croit à l'innocence de son mari, a écouté Mohamed Jratlou minimiser son propre rôle dans cette dispute.
"Elle a serré la chaîne que je portais au cou, donc je lui ai porté un coup et elle m'a lâché", a-t-il dit. D'autres coups suivront et, pour la première fois de sa vie, Naïma Zraidi fuit la maison en pleine nuit pour se rendre chez son médecin, laissant ses enfants derrière elle.
"On a cherché partout"
C'est alors que Mohamed Jratlou explique s'être lancé à sa recherche, d'abord à pied. Rentré chercher sa voiture, il dit s'être aperçu de la disparition de Younes, le cadet de ses deux enfants, âgé de quatre ans.
Il pense que sa femme est revenue chercher Younes et il repart à la recherche des deux, accompagné de son fils aîné âgé de huit ans, Wazir. Quand ils retrouvent Naïma, Younes n'est pas avec elle. Selon Wazir, son petit frère avait quitté la maison par la porte laissée ouverte, en l'absence des deux parents.
"On a cherché partout, à trois, mais on ne l'a pas trouvé", insiste Mohamed Jratlou. Le couple finira par déclarer la disparition du petit garçon vers six heures du matin au commissariat de police.
Des traces de sang
Une quinzaine de jours après la disparition de Younes, son corps avait été découvert à environ 12 kilomètres de son domicile. Une distance trop longue à parcourir seul par un petit garçon sorti les pieds nus.
Pendant un an, les parents n'ont pas été inquiétés. Mais des résultats d'analyse indiquant que l'enfant était mort par asphyxie, et non pas noyé, ont entraîné leur inculpation et leur incarcération. La mère a ensuite été totalement blanchie pendant la procédure, mais Mohamed Jratlou est resté en détention depuis 2010.
Des traces de sang du garçonnet ont été prélevées dans la maison familiale et deux "trous de 50 minutes" dans l'emploi du temps du père, cette nuit-là, ont renforcé les convictions des enquêteurs, qui ne disposent cependant pas de preuve formelle contre lui. Mercredi, Mohamed Jratlou n'a pas donné d'explications à ces traces de sang. Mais il assure n'avoir "jamais" frappé ses enfants : "j'aime mes enfants. J'étais fier de mes enfants. Beaucoup de gens étaient jaloux".