L'info. Un braquage a tourné au drame mercredi matin à Nice. L'un des deux malfaiteurs qui s’étaient attaqués à la bijouterie La Turquoise a été abattu par le propriétaire du commerce. Le bijoutier a été arrêté et placé en garde à vue jusqu'à vendredi. Il assure ne pas avoir tiré en direction des voleurs. Mais sa version des faits est contredite par des témoins. Le procureur de la République de Nice, Eric Bedos, a par ailleurs indiqué qu'"un suspect était en garde à vue depuis mercredi soir".
Le bijoutier poursuit les voleurs. Les faits se sont déroulés vers 9 heures du matin. Deux hommes ont surgi dans la bijouterie, déjà cible d'un cambriolage à la disqueuse en octobre 2012, et se sont fait ouvrir le coffre du magasin sous la menace d'au moins une arme. Le bijoutier a un temps coopéré et les braqueurs ont réussi à s'emparer d'un butin, dont le montant n'a pas été indiqué.
Un braqueur touché mortellement. Les deux voleurs prennent ensuite la fuite en scooter. Le passager est touché d'au moins une balle dans le dos et tombe quelques dizaines de mètres plus loin. Malgré plusieurs minutes de massage cardiaque, il est décédé quelques minutes plus tard. Les policiers ont retrouvé deux armes en sa possession, ainsi qu'une partie des bijoux dérobés. Le second malfaiteur a réussi à prendre la fuite. Il est activement recherché. Interpellé par la police, le bijoutier a, lui, été placé en garde à vue pour "homicide volontaire".
La version du bijoutier. Mais c'est sur le scénario de ces coups de feu que s'opposent la version bijoutier et de son fils, et celle des témoins de la scène. Le commerçant, armé d’un pistolet automatique 7.65, a tiré trois ou quatre coups de feu. Sur Europe 1, son fils a affirmé qu'il n'a pas poursuivi les braqueurs; ni visé dans leur direction mais a voulu tirer dans les roues du scooter. Le bijoutier aurait été frappé lors du braquage et se trouvait en état de choc, ajoute son fils. "Ils sont entrés derrière lui et lui ont donné des coups de poing et l'ont menacé avec un fusil à pompe. Au moment où ils sont partis, mon père a tiré sur les roues du scooter pour les arrêter", a-t-il affirmé au micro d'Europe 1.
Le procureur prudent. Mais des témoins de la scène affirment de leur côté que le bijoutier a poursuivi les cambrioleurs. Le procureur, Eric Bedos, reste très prudent. "Semble-t-il, le commerçant a fait feu à plusieurs reprises dans leur direction. Celui qui semble être le passager a été récupéré, gravement blessé, et est décédé rapidement. Le scooter n'a pas été retrouvé, son conducteur pas davantage", a précisé le magistrat. Les enquêteurs devraient examiner les images d'une caméra de vidéosurveillance, située au carrefour où se trouve la bijouterie, afin de déterminer le scénario exact.
Un suspect arrêté. Du côté de l'enquête, "un suspect était en garde à vue depuis hier mercredi soir", a indiqué le procureur, sans donner plus de précisions. Un scooter, ayant pu servir au braquage, a également été retrouvé et était en cours d'analyse, selon une source proche de l'enquête. Selon les premiers éléments de l'enquête, le jeune homme de 18 ans, abattu par le bijoutier à l'heure de l'ouverture alors qu'il s'enfuyait à scooter avec son complice après leur braquage à main armée, était, lui, défavorablement connu de la justice, a précisé le procureur. "Il avait déjà été condamné à de nombreuses reprises par le tribunal pour mineurs et le tribunal correctionnel de Grasse pour vols, violences et infractions routières", a-t-il ajouté.
"Il a été tiré comme un pigeon". C'est vrai qu'il a fait beaucoup de bêtises. C'était un petit délinquant, un voleur de scooters", a témoigné son père, un habitant de Carros, près de Nice, dans le quotidien Nice Matin daté de jeudi. "Mais le Tony, il avait un visage d'enfant. Pas un enfant n'est destiné à mourir comme ça. Je ne défends pas mon fils. Il n'avait pas à faire ça", mais "là il a été tiré comme un pigeon", a-t-il ajouté, en soulignant que son fils allait bientôt être père. Yannick, le frère du braqueur abattu, a renchéri sur l'antenne de RMC : "Il (le bijoutier) a tiré dans la rue et dans le dos. Je n'appelle pas ça de la légitime défense".
Braquages en série sur la Côte d'Azur. Ce hold-up intervient après une série de braquages sur la Côte d'Azur. En juillet, l'hôtel de luxe Carlton, qui louait un espace pour une exposition-vente du joaillier israélien Leviev, avait notamment été la cible d'un casse record très médiatisé, pour un butin estimé à 100 millions d'euros. A la mi-août à Nice, deux hommes, munis d'une arme de poing et d'un pistolet automatique, avaient volé deux montres de luxe d'une valeur totale de 20.000 euros dans le hall d'un hôtel de la Promenade des Anglais.