L’ambassade américaine, la Tour Eiffel, la place de la Concorde. Au moins cinq drones ont survolé la capitale dans la nuit de lundi à mardi. Aucun pilote n’a pu être repéré et aucune interpellation menée malgré le survol de ces zones dites "sensibles". Que s’est-il passé ? Va-t-on retrouver les pilotes ? Doit-on s’inquiéter ? Voici quelques éléments de réponse.
Que s’est-il passé dans la nuit de lundi à mardi ? Le ballet des drones a commencé un peu avant minuit lundi soir, à 23h50, au dessus de l’ambassade des États-Unis, à deux pas de la place de la Concorde et des Champs-Élysées. Des gendarmes et des policiers en faction distinguent alors un aéronef de type drone à hélice qui émet une lumière rouge. Le secteur est particulièrement sensible et des policiers tentent de suivre l’appareil, qui se dirige vers les Invalides, mais ils perdent sa trace.
Deux heures plus tard, un autre drone avec cette fois une lumière bleue, est repéré au niveau du premier étage de la Tour Eiffel, c'est-à-dire à 60m d’altitude environ. Il survole ensuite les ponts environnant qui enjambent la Seine. Enfin, au petit matin, d’autres drones sont signalés en divers endroits de la capitale. On parle de la place de la Bastille, de la Tour Montparnasse, du palais de Justice sur l’île de la Cité ou encore de l’Opéra Garnier.
Qui sont les pilotes ? Une cellule d’enquête a été mise en place à la gendarmerie des transports aériens (GTA). L’enquête n’est pas aisée car ces appareils se pilotent à plusieurs centaines de mètres de distance. Il faut savoir que sur les affaires de survol de central nucléaires survenus depuis octobre dernier, seulement deux cas ont été résolus. Dans une première affaire, il s’agissait de jeunes passionnés d’aéromodélisme et la seconde fois, un propriétaire de drone qui avait laissé son nom et numéro de téléphone sur l’aéronef qui s’était écrasé.
Les forces de l’ordre semblent démunies face à ce phénomène, avec un sentiment d’impuissance à les détecter ainsi qu’à les suivre. Quant à la question de neutraliser ces appareils : "on ne va pas faire du ball-trap ", confie un enquêteur à Europe 1.
Un seul drone, plusieurs possibilités ? Pour Laurent Khong, journaliste spécialiste de la question et cofondateur du site helicomicro.com, il est tout à fait possible qu’un seul et même drone ait survolé la capitale cette même nuit.
"Ces appareils sont équipés de petites lumières, ne serait-ce que pour les repérer. Elles sont rouges et vertes et clignotent en fonction de l’état de charge de la batterie", explique-t-il. "Si cela se trouve, c’est la même personne qui a utilisé le même appareil avec la même batterie, à des moments différents. Simplement, l’appareil aurait clignoté de manière différente à chaque fois et cela s’arrête là", poursuit le spécialiste.
Est-ce vraiment exceptionnel ? Déjà, dans la nuit du 19 au 20 janvier dernier, un drone avait survolé l'Elysée "pendant quelques secondes". Le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour "conduite d'un aéronef non conforme avec les règles de sécurité" et les investigations confiées à la section de recherche de la gendarmerie des transports aériens.
Laurent Khong n’est pour autant aucunement étonné de ces survols. "Il y a des dizaines de vidéos de nuit de survols de paris qui pullulent sur les réseaux spécialisés, du Sacré-Cœur, des Champs-Elysées, de la Défense ect. Tous les monuments de Paris ont déjà été survolés plusieurs fois", raconte le journaliste spécialisé. Et en effet, une simple recherche superficielle sur YouTube permet de trouver de telles vidéos.
>> Des exemples de vidéos capturées par des drones à Paris de jour comme de nuit :
Quel est le degré de dangerosité de ces appareils ? "Le danger est très faible. Si on parle de danger terroriste, c’est encore plus faible", estime encore Laurent Khong, qui s’avoue volontiers peu inquiet. "Les appareils qui ont été décrits ne sont pas capables de porter une charge supérieure à une centaine de grammes. Donc la probabilité d’une charge explosive, dans le but de commettre un attentat terroriste est extrêmement faible voire complètement improbable", assure-t-il.
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