"Ça a été l'opération la plus complexe de ma carrière", confie samedi Jean-Michel Fauvergue, patron du Raid et de la Fipn (Forces d'intervention de la police nationale). Il revient avec Europe 1 sur la prise d'otages du supermarché HyperCasher de vendredi qui a fait cinq morts. Rappelons que le Raid (Recherche, assistance, intervention, dissuasion) est une unité d'élite de la police nationale, créé en 1985, qui compte 170 membres.
"Sauver la vie aux otages". Pourquoi l'opération a marqué le patron du Raid ? "Il y avait une vingtaine d'otages et il fallait leur sauver la vie", a-t-il expliqué. C'est "quelque chose de très très lourd", confie-t-il. D'autant plus qu'il faut aussi "préserver la vie des policiers" en action.
Deux intervention "quasi-simultanées". Jean-Michel Fauvergue souligne la complexité de la situation car "il y avait deux situations en même temps à gérer", à Vincennes et à Dammartin. Il parle d'"une connexion avec le GIGN", qui pour sa part agissait pour attraper les frères Kouachi.
Celui qui dirige l'unité d'élite de la police depuis 2013 a souligné la nécessité "de se coordonner au niveau des commandements opérationnels" et d'"intervenir quasiment simultanément".
Les deux terroristes de Dammartin sont, vendredi, passés à l'attaque en premier. Ce qui a précipité l'assaut à la porte de Vincennes même si ce dernier était "prévu", nous apprend Jean-Michel Fauvergue.
Des prises de contact avec les terroristes. Le Raid et le GIGN sont entrés en contact avec les terroristes mais rien à voir avec les négociations qui peuvent avoir lieu avec des preneurs d'otages "qui ont des problèmes psycho-pathologiques", analyse le chef du Raid. Avec les terroristes, les négociations sont "à sens unique" avec des revendications "extrémistes", explique-t-il.
"On savait qu'il y avait des morts". Le Raid savait avant l'assaut qu'il y avait déjà des morts dans l'épicerie casher "grâce aux caméras". Mais ces dernières ont été "cassées" par un des otages qui a été "forcé" de le faire. Au moment de l'assaut, les policiers agissent donc "à l'aveugle".
La mort de Coulibaly et la vie des otages. La mort du preneur d'otages Amédy Coulibaly ? "Nous sommes des policiers et nous devons mettre à disposition de la justice les personnes interpellées", rappelle Jean-Michel Fauvergue. "Mais on s'adapte à la situation", reconnaît-il réaliste. "On savait que ça serait très dur", ajoute-t-il.
"Je regrette toujours qu'on enlève une vie supplémentaire" mais néanmoins, "nous avons libéré une vingtaine d'otages dont un enfant et une femme enceinte". Il se félicite : "c'est une très très grosse fierté que nous avons au Raid et chez nos amis de la BRI".
Désormais, il souhaite à ses hommes de "digérer cette affaire-là" et de "dormir un peu".