"Elle a pris son élan et elle m'a donné un gros coup de pied dans le ventre." Celle qui décrit la scène ne pratique pas les arts martiaux. Elle était, mercredi, vers 10h, dans une salle de classe remplie d'élèves. Professeure d'histoire-géographie dans un collège de Buxerolles, près de Poitiers, elle accuse une mère de famille de l'avoir agressée pendant un cours.
Selon la direction de l'établissement, la mère de famille se serait présentée avec son compagnon. Puis elle aurait pris à partie l'enseignante pour lui demander des comptes au sujet d'une appréciation portée sur le cahier de correspondance de son enfant. Avant les coups, la suspecte aurait pris soin de rendre le cahier de correspondance à la professeure. Avec des insultes en lieu et place de la signature demandée.
"Elle m'a alors giflée, violemment"
"Elle a commencé à m'agresser tout de suite, en me disant que je n'avais pas du bien comprendre ce qu'elle m'avait écrit dans le carnet. Dans ce carnet elle me mettait des insanités, me traitait de raciste, de menteuse et me disait qu'il fallait que j'arrête de faire ch… son fils", raconte la professeure au micro d'Europe1.
Le ton est monté très vite :
"Elle s'est approchée de moi, à deux centimètres de mon visage. Elle a commencé à attraper mes lunettes, mes cheveux. Elle m'a dit : 'je t'ordonne de foutre la paix à mon fils'. Je lui ai répondu qu'elle n'avait pas d'ordre à me donner, se souvient l'enseignante. Comme elle avait attrapé mes lunettes, je l'ai repoussée, instinctivement. Elle m'a alors giflée, violemment. J'ai fait mettre de la distance entre elle et moi. C'est là qu'elle m'a donné un coup de pied."
Aussitôt après l'agression, la mère et son compagnon ont été reconduits par le personnel du collège dans le hall d'entrée de l'établissement où les policiers ont procédé à l'interpellation de la femme. Lors de sa garde à vue, celle-ci a pris à partie les policiers, frappant deux d'entre eux, l'un d'une gifle et l'autre d'un coup de pied, selon le parquet de Poitiers qui a ordonné la prolongation de sa garde à vue.
L'enseignante, elle, a été conduite à l'hôpital pour de rapides contrôles, avant de rentrer chez elle. "J'ai très très mal à la tête, aux cervicales et un peu dans le ventre. Mais bon, il y a l'effet du stress et du choc", décrit-elle jeudi à Europe1.
"L'établissement n'est pas reconnu comme difficile"
Dans un communiqué, le ministre de l'Education Vincent Peillon a estimé mercredi soir que "de tels comportements inqualifiables n'ont pas leur place dans l'enceinte de l'école de la République et demande que la plus grande fermeté soit appliquée à l'encontre de leurs auteurs". Il a apporté "son soutien indéfectible" à l'enseignante et exprimé "sa plus vive indignation".
La "gravité de ces actes" a conduit le ministre "à porter ces faits à la connaissance du procureur de la République, en application de l'article 40 du code de procédure pénale". Ce dernier prévoit que "le procureur de la République reçoit les plaintes et les dénonciations et apprécie la suite à leur donner".
Mais ce que demande la victime, c'est avant tout une meilleure considération de la situation de son collège. "Ce n'est pas un établissement facile. C'est même plutôt dur d'y travailler. Mais il n'est pas reconnu comme tel. Du coup, le rectorat ne nous donne pas beaucoup de moyens, même si on les réclame à cor et à cri depuis des années", regrette l'enseignante. Ses collègues ont décidé d'exercer leur droit de retrait jeudi, et décideront dans la journée des suites à donner à l'incident.