Quelle sécurité pour la marche, dimanche, à Paris ?

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LE JOUR D’APRES - La France descend dans la rue ce week-end pour tourner la page des attentats qui ont visé Charlie Hebdo, mais non sans peur.

Les Français seront nombreux à descendre dans la rue ce week-end pour dénoncer les attentats qui ont visé la France ces derniers jours. Mais l’ombre d’un doute persiste, en ces temps de paranoïa : n’est-il pas risqué d’aller manifester alors que les terroristes ont montré qu’ils ne reculaient devant rien ? Si l’objectif de ces rassemblements est de monter que la France reste unie et n’a pas peur, certains ne cachent pas leurs craintes. Si bien que le deuxième mot-clef le plus populaires sur Twitter samedi matin était le hashtag #AnnulezLaMarcheDu11Janvier. En dépit d’un dispositif de sécurité très renforcé, qu'Europe1.fr vous détaille.

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La France dans la rue dimanche. Face à la stupeur provoquée par la série d’attentats perpétrés entre mercredi et vendredi, la France a décidé de se rassembler et de se recueillir ce week-end. Et la mobilisation s’annonce sans précédent : des rassemblements sont prévus sur tout le territoire, et ce dès samedi à Nantes, Toulouse, Lille, Marseille, Nice. Puis dimanche à Lyon et Paris, où la marche doit débuter à 15 heures, place de la République, pour se terminer place de la Nation. Le rassemblement dans la capitale prendra une dimension inédite puisqu’il comptera dans ses rangs de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement, dont François Hollande, l’allemande Angela Merkel, le britannique David Cameron ou encore l’italien Matteo Renzi.

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Forcément, la question de la sécurité se pose. Sur les réseaux sociaux, le débat fait rage. Si certains soulignent sur Twitter que "Si on l'annule, les terroristes auront gagné. Nous n'avons pas peur", d’autres ne cachent pas leur fébrilité : "ok allez y, mais vous signez votre arrêt de mort.. ", estime une utilisatrice, rejointe par une autre, qui estime que "Hollande nous appelle à l'unité, certes, mais si les terroristes attaquent nous serons unis au cimetière".

Une appréhension que partagent forcément certains spécialistes. "C'est un vrai problème. Vu le contexte et sachant que tous les suspects n'ont peut-être pas été identifiés, la décision de maintenir cette manifestation laisse perplexe. Il eût peut-être été plus sage de reporter cet événement de quelques jours", estimait un membre du pole antiterroriste du palais de justice de Paris, vendredi sur le site du Figaro.

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Valls : il ne faut pas avoir peur. Mais pour beaucoup, renoncer à manifester serait donner raison aux terroristes. "Dans ces moments-là, il ne faut pas avoir peur. Ce que recherchent les terroristes, c'est d'imposer la peur par la terreur. La réaction que nous devons avoir, c'est celle de nous retrouver ensemble, pas de nous terrer", a souligné le Premier ministre vendredi. "Il y aura évidemment des moyens de sécurité massifs, pas seulement à Paris" mais aussi "dans toutes les grandes villes où il va y avoir des manifestations", a ajouté Manuel Valls.

Un message réitéré samedi en fin de matinée. "Ce sera une manifestation inouïe (...) qui doit être forte, digne, qui doit montrer la puissance et la dignité du peuple français qui va crier son amour de la liberté et de la tolérance. Venez nombreux!", a martelé le Premier ministre.

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© AFP Joel Saget

Le patron de la police promet "la totale sécurité". "Les dispositions seront prises pour qu'elle puisse se passer dans les meilleures conditions. Il faut assurer la complète sécurité, la totale sécurité de ce cortège", a expliqué le patron de la police sur Europe 1. "Toutes les dispositions ont été prises pour assurer la sécurité de ce rassemblement", a assuré samedi  le ministre de l’Intérieur, au sortir d’une réunion du gouvernement sur le sujet. Mais quels moyens sont exactement prévus pour assurer la sécurité des manifestants ?

Un rassemblement décalé d’un jour pour se laisser du temps. Initialement, la marche d’hommage aux victimes du terrorisme devait se tenir samedi à Paris. Mais les autorités ont rapidement convaincu les nombreux organisateurs de décaler cet évènement d’un jour afin de permettre aux forces de l’ordre d’affiner leur dispositif de sécurité.

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© AFP/XAVIER LEOTY

Le plan Vigipirate maintenu au niveau "Alerte attentat". Outre ce report d’un jour, le gouvernement a annoncé qu’il maintenait le plan Vigipirate au niveau le plus élevé, en l’occurrence Alerte attentat. "Nous sommes, compte tenu du contexte, exposés à des risques, il est donc important que le plan Vigipirate, qui a été rehaussé dans la région Ile-de-France et qui fait l'objet de mesures particulières sur le reste du pays soit conforté au cours des prochaines semaines", a expliqué Bernard Cazeneuve, à l'issue d'une réunion de crise à l'Elysée qui a duré plus de deux heures.

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Des renforts pour les forces de l’ordre. En vertu de ce plan Vigipirate, les services de renseignements vont rester en alerte, tout comme des unités d'intervention et les services spécialisés. Si cela n’a pas été précisé, il est plus que probable que la Direction centrale du renseignement intérieur a renforcé ses moyens pour surveiller les moindres faits et gestes des quelques 1.000 Français identifiés comme appartenant aux filières djihadistes. Sans oublier l’aide des services de renseignements étrangers.

En outre, les effectifs des forces de sécurité ont été renforcés, les gares, aéroports ou encore les lieux de cultes font l'objet d'une plus grande surveillance. Plus de 5.500 policiers et militaires sont mobilisés dimanche à Paris et son agglomération, dont 2.200 pour assurer la sécurité de la manifestation historique en hommage aux victimes des récentes attaques terroristes, a précisé samedi le ministre de l'Intérieur.  Des tireurs d'élite seront également présents sur les toits des immeubles bordant l'itinéraire de la manifestation.

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