Qui est vraiment Xavier de Ligonnès ?

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Fabienne Cosnay , modifié à
PORTRAIT - Le père de famille nantais semblait mener une double vie depuis plusieurs années.

Depuis la découverte des corps de sa femme et de ses quatre enfants dans la maison familiale, à Nantes, les enquêteurs tentent d’établir le profil du père de famille Xavier Dupont de Ligonnès. Natif de Versailles, ce catholique pratiquant issu d’une famille aristocrate était parti vivre avec sa famille dans le Var et dans le Vaucluse, avant de s’installer à Nantes en 2003.

Selon les témoignages recueillis par ses voisins, l’homme, âgé de 50 ans, était d'une grande discrétion. Les habitants du quartier où la famille vivait, assurent qu’il était rarement chez lui, partant le dimanche soir pour rentrer le vendredi. Son moniteur de tir, Benoît Hérault se rappelle "d’un homme équilibré et d’une famille unie". Pour lui, Xavier Dupont de Ligonnès était "insoupçonnable".

Une vie professionnelle entre mensonges et échecs

Pourtant, au fil de l’avancée de l’enquête, c’est un homme menant une double vie et acculé par les dettes qui se dessine. Un emploi fantôme, une maîtresse, des dettes importantes, des exécutions "méthodiques". Le drame de Nantes a des similitudes troublantes avec l’affaire Jean-Claude Romand. Pendant 18 ans, l’homme s’est inventé une vie, se faisant passer pour un chercheur de l'Organisation mondiale de la Santé avant de tuer méthodiquement toute sa famille, puis ses parents.

Xavier de Ligonnès semble, lui aussi, s’être inventé une vie professionnelle. Officiellement, il se présentait tantôt comme un "commercial", "dans le tourisme", voire "un chef d'entreprise qui voyageait". Juste avant sa disparition, Xavier de Ligonnès aurait même confié à un voisin qu'il "était en quelque sorte un agent secret pour le compte des Etats-Unis et devait y retourner dans le cadre d'un programme de protection de témoin pour assister à un procès". Seule certitude : il avait fondé ces dix dernières années deux sociétés à Pornic, en Loire-Atlantique. Or, très vite, la police a découvert que la première n’existait plus, et qu’à l’adresse de la seconde, la "Selref", siégeait désormais une autre entreprise.

Donner le change

Père d'une famille de quatre enfants, locataire d’une maison bourgeoise à Nantes, Xavier de Ligonnès ne déclarait au fisc qu'un revenu annuel de 4.000 euros, bien loin des sommes nécessaires pour faire vivre sa famille, comprenant notamment le financement des études de ses enfants. L'école privée des deux plus jeunes enfants à la Perverie Sacré-Coeur, les études en musicologie du fils cadet à l'Université catholique de l'Ouest ainsi que celles en hôtellerie du fils aîné.

Des dettes importantes

En réalité, Xavier de Ligonnès était criblé de dettes. Le 5 avril, un huissier s’était rendu à son domicile pour réclamer "une créance de plus de 20.000 euros". Une femme, assurant avoir entretenu une liaison intime avec lui, a affirmé à la police lui avoir prêté 50.000 euros à la fin 2009. Elle avait lancé une procédure de recouvrement de dette contre son ancien amant.

Lundi, un nouveau témoignage est venu un peu plus accréditer le mobile lié à des dettes. Une amie d'enfance de la mère de famille a confié au Figaro, dès 2002, Agnès Dupont de Ligonnès s'était aperçue que son mari avait des problèmes d'argent. "Elle s'était aperçue que son mari avait dilapidé tout l'argent de son propre héritage. Elle s'était aussi rendu compte que les activités professionnelles de son époux ne rapportaient rien", a t-elle raconté au quotidien.