La méthode. Commandée par Manuel Valls le 30 juillet, l'enquête qui visait à faire toute la lumière sur les "dysfonctionnements" mis au jour par l'affaire Merah, vient d'être rendue publique. Après près de trois mois d'enquête menée par deux hauts responsables de la police nationale, le document de 17 pages met en évidence plusieurs "défaillances objectives" dans la gestion du dossier du "tueur à scooter".
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Des "défaillances objectives" globales. Les défaillances relevées par les deux rapporteurs de l'IGPN (police des polices) "échappent à l'erreur humaine caractérisée" mais tiennent à "la conjonction d'omissions et d'erreurs d'appréciation, à des problèmes de pilotage et d'organisation des services et à des cloisonnements encore très présents entre renseignements intérieur, police judiciaire et sécurité publique", selon le texte du rapport.
La surveillance de Merah. La réactivité des services du renseignement dans le suivi du dossier Merah est clairement pointé du doigt. Selon les auteurs de l'enquête, les services de renseignements, qui suivaient Mohamed Merah depuis 2009, n'ont en effet pas pris conscience de la menace qu'il représentait.
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Ce dernier avait pourtant déjà réalisé son premier séjour en Afghanistan et son profil d'islamiste radical était établi. Le rapport de 17 pages parle d'attentisme des services de police toulousains. A tel point qu'en 2012 le dossier Merah "ne paraît plus être une priorité" pour le renseignement intérieur, estiment les auteurs du rapport.
La traque après les meurtres. Les inspecteurs se montrent en revanche peu diserts sur la manière dont a été menée la traque entre son premier meurtre, le 11 mars, et le siège de l'appartement. Tout juste relèvent-ils que "la coordination entre les deux directions co-saisies judiciairement (DCPJ puis DCRI) peut encore être améliorée" et expriment-ils leur "sentiment que des cloisonnements persistaient".
L'assaut à Toulouse. Critiqué durant le siège, le Raid sort conforté du travail des inspecteurs selon lesquels ses "choix tactiques (...) paraissent cohérents". Selon eux, il était "préférable d'interpeller Mohammed Merah à son domicile plutôt que sur la voie publique".
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Toutefois, ils regrettent la "surveillance préalable défaillante du domicile" de Merah. S'ils avaient repéré ces mouvements, les hommes du Raid auraient pu retarder leur intervention "en partant du principe que Mohamed Merah n'était sans doute pas encore endormi". Or, quand le Raid intervient, dans la nuit du 20 au 21 mars, la riposte de Merah "déstabilise le dispositif et rendra la suite de l'intervention particulièrement difficile". Mais "in fine", il est parvenu "à neutraliser l'intéressé sans qu'il ait, à aucun moment, constitué une menace pour d'autres que lui-même" et les hommes du RAID jusqu'à sa mort le 22.
Et maintenant ? Ce rapport "prend acte des dysfonctionnements passés afin de consolider la lutte antiterroriste au service de la sécurité des Français" et "le ministre de l'Intérieur entend mettre en oeuvre rapidement les adaptations nécessaires".
"Il s'agit de renforcer l'efficacité des services de renseignements face aux mutations des menaces terroristes", explique le ministère de l'Intérieur. "Ce rapport comprend des pistes concrètes afin de renforcer les outils de détection, de surveillance et d'enquête, ainsi que d'évaluation des risques terroristes", ajoute encore Beauvau.