L'INFO. La garde des Sceaux, Christiane Taubira, a annoncé samedi la diffusion d'un mandat d'arrêt européen "dans l'ensemble de l'espace Schengen" et la mobilisation d'Interpol, après l'évasion du braqueur Redoine Faïd de la prison de Sequedin dans le Nord. "Les recherches dans un premier temps concernent évidemment la Belgique, puisque nous avons une frontière commune, mais s'étendent à l'ensemble de l'espace Schengen et au-delà", a assuré Christiane Taubira lors d'un point-presse devant la prison. Cet établissement pénitentiaire ne se trouve qu'à quelques kilomètres, une quinzaine tout au plus, de la frontière belge.
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Le procureur de la République de Lille, Frédéric Fèvre a assuré de son côté que "tous les services de police et de gendarmerie sont désormais mobilisés pour le retrouver le plus rapidement possible et aucun élément ne sera négligé". En revanche, le procureur n'a pas précisé si les explosifs et l'arme du détenu lui avaient été fournis pendant le parloir.
Les enquêteurs de la police judiciaire de Lille et de l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), co-saisis de l'enquête, recherchaient d'éventuelles complicités dont aurait pu bénéficier le fugitif.
"Pas de faille", selon la ministre. Christiane Taubira a estimé elle qu'un drame avait été évité de justesse tout en refusant de parler de faille du système de détection. "C'est une vraie difficulté, il y a des choses qui entrent dans nos établissements qui ne doivent pas entrer (...) Même un téléphone introduit en prison, ça me préoccupe", a-t-elle assuré à la presse. "Il y a quand même un travail qui est fait quotidiennement par nos personnels et notre administration pénitentiaire, (...) un travail de détection, de fouille, un travail d'observation", a-t-elle estimé.
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"On ne peut pas dire qu'il y a une faille, parce que si on dit qu'il y a une faille, c'est de la faute de qui la faille ? Il y a une réalité dans les établissements, on lutte contre cela avec tous les moyens légaux parce que nous sommes dans un Etat de droit, il y a des règles, il y a des conditions dans lesquelles on peut procéder à la surveillance et aux contrôles", a-t-elle ajouté.
Des syndicats demandent plus de moyens... La CGT Pénitentiaire a dénoncé un peu plus tôt un manque de moyens et de systèmes adaptés à la fouille. Cette évasion "implique que des armes, des explosifs, un téléphone portable ont pu entrer dans le centre pénitentiaire", déplore le communiqué. "La CGT pénitentiaire avec d'autres syndicats avaient demandé à plusieurs reprises une fouille générale de l'établissement. Hélas, les organisations syndicales n'ont pas été écoutées et la fouille générale demandée n'a jamais eu lieu", regrette la CGT.
... d'autres la "tête" du ministre. Réagissant à cette évasion, le syndicat de défense des policiers municipaux a jugé "absolument anormal qu'en 2013 une telle attaque ait pu avoir lieu et qu'un individu aussi dangereux puisse s'évanouir dans la nature aussi facilement." "La police municipale est furieuse de l'évasion d'un des meurtriers présumés de notre camarade, et si lui et les auteurs de cette attaque ne sont pas très rapidement arrêtés, nous exigeons la démission du ministre de l'Intérieur Manuel Valls."
Une planification des événements. Le syndicat FO-direction a affirmé pour sa part qu'au moment où Redoine Faïd prenait "plusieurs fonctionnaires pénitentiaires en otages pour couvrir sa fuite", des détenus "d'un bâtiment alors en promenade refusaient de réintégrer". Cet incident "concomitant pourrait laisser penser à une planification possible des événements". Selon une source syndicale, Redoine Faïd devait rencontrer son frère lors d'un parloir, sans qu'on sache si la rencontre avait pu avoir lieu avant l'évasion.