C'est une affaire qui tombe très mal pour la police marseillaise. Alors que le gouvernement a promis de mettre les bouchées doubles pour enrayer la criminalité qui touche la ville, douze policiers de la Bac ont été placés en garde à vue mardi dans le cadre d'une affaire de corruption présumée. L'enquête judiciaire porte sur le vol ou l'extorsion d'argent, de stupéfiants et de cigarettes de contrebande.
Qui sont les hommes interpellés ? Les douze policiers interpellés appartiennent à la Brigade anti-criminalité (Bac) des quatiers Nord de Marseille et sont donc en première ligne dans la lutte contre la criminalité dans la ville. Leurs collègues les présentent comme des bons pères de famille, des policiers sans histoires. Il s’agit de brigadiers expérimentés, présents sur le terrain depuis longtemps et appréciés de leurs collègues.
Que leur reproche-t-on ? Les douze policiers ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une instruction pour "vol et extorsion en bande organisée" et "détention, acquisition, transport, cession de stupéfiants". Selon les premiers éléments de l'enquête, les policiers se faisaient remettre des produits stupéfiants ou de l'argent par des trafiquants de drogue ou des vendeurs de cigarettes à al sauvette.
Pourquoi ça tombe mal ? La mission des policiers dont le rôle est de mettre un terme à la violence endémique à la phocéenne risque de se trouver compliquée par cette affaire de corruption présumée. Preuve de l’engagement de l’Etat pour stopper la vague de règlements de compte qui a endeuillée Marseille depuis le début de l’année, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a tenu début septembre un comité interministériel visant à mettre sur pied un plan d’action pour lutter contre la criminalité marseillaise.
Comment réagissent leurs collègues ? "Si les faits qui sont reprochés sont avérés, c’est gravissime", reconnaît Diego Martinez, délégué départemental du syndicat SGP-FO, interrogé par Europe1. "Je pense que si ces collègues ont dépassé la ligne jaune, ils vont devoir répondre de leurs actes, d’abord devant l’administration, mais aussi et surtout devant la justice", demande-t-il.
Quelles conséquences sur le terrain ? "Déjà que le travail était compliqué dans les cités, maintenant les collègues vont être assaillis par la pression et vont avoir à gérer une pression hors-norme", prévient Diego Martinez. Pour le syndicaliste, "cela peut se traduire de mille et une manières, par des caillassages ou des agressions".