Fin de garde à vue pour Sid Ahmed Glam. L'étudiant algérien soupçonné d'avoir voulu attaquer au moins une église de Villejuif, dans le Val-de-Marne, était entendu depuis dimanche par les enquêteurs de Brigade criminelle du 36 quai des Orfèvres et de la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI), au sein de l'unité médico-judiciaire de l'Hôtel-Dieu, à Paris. Après avoir été présenté aux juges vendredi après-midi, il a été mis en examen dans la soirée. Dans le cadre de l'ouverture de cette information judiciaire, le parquet a demandé son placement en détention provisoire.
Les investigations se concentrent désormais sur les soutiens dont le terroriste présumé semble avoir bénéficié dans son projet. Une voiture retrouvée en Seine-Saint-Denis les intéresse particulièrement.
Une voiture en forme d'armurerie clandestine… Cette voiture a été retrouvée à Aulnay-sous-Bois dès mardi. C'est dans ce véhicule que Sid Ahmed Ghlam a été récupéré des armes, en début de semaine dernière. Les enquêteurs le savent grâce à une conversation Internet, retrouvée en perquisition sur l'ordinateur du terroriste présumé, dans laquelle l'étudiant de 23 ans s'entretient avec son "donneur d'ordres". L'homme, probablement installé en Syrie, lui livre une adresse à Aulnay en lui précisant que des armes l'y attendent dans une voiture dont les clefs sont cachées dans le garde-boue.
Le jeune homme s'exécute et, selon nos informations, se rend sur place à deux reprises les 13 et 15 avril derniers. La géolocalisation par "bornage" d'un de ses téléphones le prouve. De plus, les mêmes jours, les images des caméras de vidéosurveillance de sa résidence étudiante, dans le 13e arrondissement de Paris, le filment en train de porter de gros sacs.
…passée au peigne fin par les enquêteurs. La voiture, une Renault Mégane volée, selon nos informations, est depuis expertisée au laboratoire central de la préfecture de police de Paris. Les enquêteurs y recherchent notamment des empreintes et de l'ADN. Le but est désormais de comprendre qui sont les fournisseurs de ces armes, en attendant de savoir si ce stock était uniquement destiné à Sid Ahmed Ghlam où s'il devait également profiter à des complices. Ces soupçons s'expliquent logiquement par la quantité d'armes et de matériel découverte chez le terroriste présumé : 4 Kalachnikov, des gilets pare-balles, des téléphones.
Ghlam "littéralement sous la coupe" du commanditaire. En garde à vue, Sid Ahmed Ghlam s'est montré "peu disert" face aux enquêteurs, rapportent des sources policières. Il se trouve "dans une attitude étrange" entre "volonté de parler" mais "comme mû par une force l'obligeant à ne rien dire". Son profil, tout en s'affinant au fil de l'enquête, étonne. Ce serait ainsi la première fois, selon les enquêteurs, qu'est révélé en France un attentat piloté à distance. Un projet terroriste "télécommandé" par un ou plusieurs individus depuis la Syrie qui lui ont intimé l'ordre de "trouver une bonne église avec du monde". Les enquêteurs évoquent également le "comportement sectaire" du jeune Algérien, qui était "littéralement sous la coupe" du donneur d'ordres.
D'intrigants messages cryptés avec une jeune femme. Les enquêteurs ont aussi mis la main sur une imposante "masse de données informatiques" dont des "messages cryptés" entre le suspect et une jeune femme interpellée mercredi à Saint-Dizier, en Haute-Marne, où est installée la famille de Sid Ahmed Ghlam. Tout était "fait pour éviter de se faire repérer".
La garde à vue de cette femme, une convertie de 25 ans a également été prolongée jeudi. Elle a cependant été relâchée vendredi à la mi-journée. Elle aussi s'est montrée "peu bavarde" face aux policiers. Elle nie que Ghlam ait eu des velléités de se réfugier chez elle sitôt ses crimes perpétrés. Les enquêteurs ont par ailleurs relevé dans leur entourage un phénomène de "radicalisation" récente mais "assez banale".
Voulait-il voler la voiture d'Aurélie Châtelain ? Ghlam est également soupçonné du meurtre d'Aurélie Châtelain, 32 ans, dont le corps avait été retrouvé dans sa voiture à Villejuif dimanche dernier. C'est dans cette même ville du Val-de-Marne que le suspect aurait envisagé d'attaquer une ou deux églises. Le crime pourrait avoir été commis dans le but de voler la voiture de la jeune femme afin de mener ses attaques.
Vendredi soir, le suspect a été mis en examen pour "association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes d'atteinte aux personnes en relation avec une entreprise terroriste". L'Algérien est également visé des chefs, eux aussi "à caractère terroriste", de "port et transport d'armes de catégorie A et B", de "vol et recel de vol en bande organisée", de "recel de vol par effraction" et d'"usage de fausses plaques d'immatriculation", conformément à ce qu'avait requis le parquet un peu plus tôt dans la journée, .
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