"Je me demande pourquoi on laisse exercer une personne qui a un passé judiciaire. Pourquoi l'académie n'a pas mis un stop à ce monsieur ?". Mardi matin, Eddy faisait part de son indignation au micro d'Europe 1, après l'arrestation du directeur de l'école primaire où sa fille est scolarisée à Villefontaine, dans l'Isère. L'homme, déjà condamné pour recel d'images à caractère pédopornographiques, est cette fois soupçonné de viols sur deux fillettes de CP. "Il a été condamné, je ne vois pas pourquoi il est toujours au contact des enfants. Cela me choque, cela me révolte. Il y a eu négligence de la part de l'académie. Ma fille aurait pu être dans cette classe et subir les actes de ce monsieur", enrage encore le parent d'élève.
Deux questions apparaissent en effet aujourd'hui à l'annonce de cette affaire. D'abord du côté de la justice : comment cet homme qui a été condamné en 2008 après la découverte d'images pédopornographiques sur son ordinateur, avait-il le droit de diriger une école ? Les interrogations se tournent ensuite vers l’Éducation nationale. Comment a-t-on laissé cet enseignant exercer ses fonctions ? Éléments de réponse.
Seul le juge peut prononcer une interdiction. En 2008, le directeur de l'école de Villefontaine, dont il a pris les rênes à la rentrée dernière, avait écopé de 6 mois de prison avec sursis avec obligations de soins psychiatriques. Lors de cette condamnation, le juge n'avait prononcé aucune interdiction de travailler avec des enfants. Aux yeux de la loi, l'homme avait donc toujours le droit d'exercer dans une école, comme l'a confirmé le procureur de Vienne.
Pas d'obligation de consulter le fichier des délinquants sexuels. L'Education nationale ne devait-elle pas malgré cela agir en conséquence ? Cette condamnation apparait dans le casier judiciaire du directeur d'école. Il est de fait inscrit au FIJAIS, le Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles. Le rectorat ou l'inspection académique ont accès à ce fichier. Ces institutions peuvent le consulter mais ce n'est aucunement obligatoire. Nombre d'enseignants ou directeurs sont mutés chaque année dans toute la France et le FIJAIS n'est pas toujours consulté, sauf en cas de doute. Le constat est le suivant : on aurait pu consulter les fichiers des délinquants sexuels mais on ne l'a pas fait.
Une enquête administrative ouverte. La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem a annoncé, dans un communiqué mardi, l'ouverture d'une enquête administrative, "afin de faire toute la lumière sur cette affaire et sans préjudice de l'enquête judiciaire placée sous l'autorité du Parquet". Elle a été confiée à l'inspection générale de l'administration de l'Éducation nationale et de la Recherche".
>> LES FAITS - Un directeur d'école soupçonné de viols sur deux élèves de CP