Le drame s'est déroulé lundi soir, vers 23h40, dans la commune d'Eleu-dit-Leauwette, près de Lens, dans le Pas-de-Calais. Pauline, une adolescente de 12 ans, s'est servie du fusil de chasse de son père pour se donner la mort, au domicile familial. Une autopsie aura lieu "dans les jours prochains bien que la thèse du suicide soit plus que privilégiée, là-dessus on n'a pas de doute", a indiqué le parquet.
Un mal-être scolaire ?
Le parquet de Béthune, qui a ouvert une enquête mardi, se veut très prudent dans l'immédiat. "C'est une enquête qui devra donner des explications sur le passage à l'acte d'une jeune fille de 12 ans, ce qui n'est quand même pas anodin", indique-t-il. Selon les premiers indices, la situation de la jeune fille, "d'un point de vue scolaire, faisait que c'était devenu traumatisant d'aller au collège", a-t-on indiqué au parquet, pour qui l'origine de son mal-être paraît donc "être davantage d'origine scolaire que familiale", même s'il ne ferme aucune piste.
L'adolescente a laissé une lettre avant de se suicider, mais le parquet a toutefois infirmé les rumeurs selon lesquelles il y serait fait état de violences scolaires: "C'est une lettre d'amour, d'adieu, essentiellement, mais il n'y a pas de mise en cause directe dans ce courrier".
Mais plusieurs membres de l'entourage familial ont fait état de problèmes relationnels entre l'adolescente et d'autres élèves du collège. Interrogée par Europe 1, une collégienne le certifie : Pauline "se faisait 'traiter' par des garçons, qui disaient qu'elle était moche et que c'était un garçon manqué".
Des parents d'élèves, rassemblés mercredi matin devant le collège Jean-Jaurès de Lens, où la jeune fille était scolarisée, ont fait état de plusieurs agressions dont auraient été victimes leurs enfants et s'interrogent sur la responsabilité de l'établissement. "Les élèves en difficulté ne sont pas signalés par les professeurs. En début d'année, à la cantine, un élève a voulu poignarder mon fils avec un couteau de cuisine", dénonce un père de famille sur Europe 1.
"Elle était bien intégrée dans sa classe"
Interrogé par le quotidien La Voix du Nord, le principal du collège évoque quant à lui "une élève qui avait des résultats scolaires tout à fait honorables". "On n'a pas connaissance du fait que cette élève subissait le moindre harcèlement de la part d'un groupe d'élèves de sa classe. Elle était bien intégrée dans sa classe où elle avait des camarades", ajoute Pascal Decaix. Il avait rencontré la mère de l'adolescente début décembre, laquelle n'avait pas évoqué de plainte de cet ordre. La jeune fille avait selon lui "des résultats honorables mais perfectibles" et était suivie par une assistante sociale, comme d'autres élèves de l'établissement.
Une enseignante souligne, au micro d'Europe 1, qu'"en général il y a des appels au secours. Je sais qu'elle a appelé une de ses camarades pendant les vacances qui n'a pas pu se déplacer". Des professeurs et des membres de l'encadrement du collège Jean-Jaurès ont d'ailleurs été entendus mardi après-midi par les policiers de la brigade des mineurs.
Une cellule psychologique mise en place
En état de choc, les parents de Pauline ont été hospitalisés dans la nuit de lundi à mardi. Ils devaient être entendus mardi en fin de journée, avant les élèves du collège, dans les jours à venir. Une cellule psychologique a également été mise en place au collège, situé en zone d'éducation prioritaire (ZEP).
L'adolescente et ses parents habitaient dans un quartier pavillonnaire, constitué de petites maisons de briques rouges, au coeur de la commune d'Eleu-dit-Leauwette, qui compte environ 3.000 habitants. La famille vivait là depuis 2004.