Le contentieux opposant les chauffeurs de taxis traditionnels et les "véhicules de tourisme avec chauffeur" (VTC) d'Uber n'est pas nouveau. Mais lundi, à Bordeaux, en Gironde, la tension est montée d'un sérieux cran. Une rixe à coups de barre de fer a opposé deux chauffeurs de taxis et un conducteur du service UberPOP, qui met en relation des particuliers et des conducteurs non-professionnels. Placés en garde à vue, les trois hommes ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Bordeaux où ils comparaîtront pour "violences croisées avec arme par destination", à l'automne prochain.
Deux à huit jours d'ITT. Selon les premiers éléments de l'enquête, les deux chauffeurs de taxis auraient repéré le conducteur d'un véhicule du service UberPOP et l'auraient pris à partie. La discussion a alors tourné au pugilat. Un des chauffeurs de taxi s'est vu préconiser une interruption de temps de travail (ITT) de deux jours, quand cette recommandation est montée à huit jours pour le chauffeur d'UberPOP.
"Intimidations" et "voitures rayées". "Cela témoigne d'une forme d'escalade dans le contentieux qui les oppose", commente une source judiciaire. Et pour cause : dans les colonnes de Sud Ouest en février dernier, le directeur général d'Uber France, Alexandre Molla, accusait les taxis bordelais de s'en prendre aux conducteurs UberPop, évoquant des "intimidations" et des "voitures rayées".
Pour les taxis, UberPop équivaut à du travail dissimulé. Syndicats et fédérations patronales de taxis ont annoncé le 21 avril leur volonté d'attaquer l'Etat par le lancement prochain d'une "procédure contre l'Urssaf, la Direccte (l'administration du Travail, ndlr) et les services fiscaux pour complicité d'organisation de travail illégal". Selon eux, le service UberPOP de l'entreprise américaine Uber en France équivaut à du "travail dissimulé".
Déjà condamné, UberPop continue avant l'appel. UberPOP est proposé par Uber sur son application pour téléphone mobile. Il met en relation des particuliers et des conducteurs non-professionnels. Cette activité est visée par la loi Thévenoud du 1er octobre 2014, relative aux taxis et aux voitures de transport avec chauffeur. Un texte qui a renforcé les sanctions mais qui n'est pas encore applicable. D'autre part, Uber a déjà été condamnée en correctionnelle à 100.000 euros d'amende. Cependant, elle a fait appel et continue à proposer son application mobile.