Une opération antiterroriste s’est soldée par la mort de deux djihadistes présumés, jeudi soir, à Verviers, dans l’est de la Belgique. D’après les autorités locales, une cellule islamiste s’apprêtait à prendre pour cible la police. Claude Moniquet, spécialiste du terrorisme, analyse pour Europe 1 le poids de la menace djihadiste dans le royaume belge.
L’islamisme radical, une "très vieille histoire". "La Belgique est un pays particulièrement touché par le djihadisme depuis de nombreuses années, explique cet ancien agent de renseignement de la Direction générale de la sécurité extérieure. "Il y a 20 ans à l’époque des réseaux du GIA en France, tous avaient des antennes, une logistique, des amis, des camarades en Belgique, donc c’est une très vieille histoire", poursuit-il. Selon les autorités belges, les armes utilisées par Coulibaly lors de de la fusillade de Montrouge et de la prise d’otages de Vincennes proviendraient d’ailleurs de Belgique.
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400 à 600 djihadistes dans le pays. Après les attentats perpétrés à Paris par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, et même si aucun lien n'est établi entre ces attaques et l'opération belge de jeudi soir, la Belgique est aussi une cible potentielle : "Aujourd’hui la menace est un peu plus prégnante encore pour la Belgique", affirme Claude Moniquet. "Je vais vous donner deux chiffres : en France, 66 millions d’habitants et à peu près 1.000 - 1.2000 djihadistes en Syrie ; en Belgique 10 millions d’habitants entre 400 et 600 djihadistes. A l’échelle, on devrait en avoir 150 ou 250, on en a deux fois plus",souligne-t-il.
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Intégration "ratée" et prosélytisme derrière les barreaux. Mais pourquoi cette radicalisation se développe-t-elle ? "Pour une série de raisons que l’on retrouve dans beaucoup de pays européens", poursuit cet expert des questions de sécurité. "A la fois des problèmes d’intégration, qui manifestement ont été ratées pour une partie de la jeunesse d’origine immigrée, des conversions massives dans les prisons qui sont faites malheureusement dans les milieux salafistes – parce que ce sont ces milieux qui recrutent et qui prêchent et qui convertissent en prison", analyse le spécialiste, basé à Bruxelles.
Enfin, conclut Claude Moniquet : "Et puis, le fait que pendant très longtemps la Belgique regardait ça d’un peu loin, et n’était pas vraiment consciente d’être dans l’œil du cyclone."