LA MORT DES PARAS
11 mars. Un parachutiste de 30 ans, Imad Ibn Ziaten, maréchal des logis chef au 1er Régiment du train parachutiste de Francazal, en Haute-Garonne, est tué vers 16h à Toulouse par un homme circulant à scooter. Ce dernier lui tire au moins une balle en pleine tête avant de s'enfuir à deux-roues sous les yeux de promeneurs. Le meurtrier aurait piégé sa victime via un site internet sur lequel le militaire avait mis en vente sa moto, indiquant sa profession.
15 mars. Quatre jours plus tard, deux parachutistes en uniforme, le caporal Abel Chennouf, 25 ans, et le 1ère classe Mohamed Farah Chamse-Dine Legouade, 23 ans, sont tués vers 14h10 devant un distributeur de billets à Montauban, près de leur caserne du 17e Régiment du génie parachutiste. Un troisième est grièvement blessé. Le suspect ? Un homme en noir, casqué et conduisant un scooter sombre de très grosse cylindrée. C'est la même arme, de calibre 11,43, qui a servi à tirer sur les quatre parachutistes de Toulouse et Montauban, dont trois sont d'origine maghrébine et un guadeloupéen. Le 17e RGP a été déployé notamment en Afghanistan. Une chasse à l'homme contre le "tueur au scooter" est engagée.
LA TUERIE DE L'ECOLE JUIVE
19 mars. Encore quatre jours plus tard, cette fois vers 8h du matin, un homme casqué opérant à scooter du collège juif Ozar Hatorah dans un quartier résidentiel de Toulouse. L'homme, qui serait muni d'une caméra, abat un enseignant de 30 ans, Jonathan Sandler et ses deux fils Arieh et Gabriel. Miriam Monsonego, 7 ans, est également tuée. Le tireur utilise un pistolet-mitrailleur, qui s'enraye, puis une arme de calibre 11,43, la même qui a servi pour tuer les parachutistes. Le président Nicolas Sarkozy se rend sur place. Pour la première fois, le plan Vigipirate est porté au niveau écarlate (en Midi-Pyrénées, dans l'Aude et le Lot-et-Garonne). Le parquet anti-terroriste de Paris est saisi. Les principaux candidats suspendent leur campagne présidentielle. La sécurité autour des institutions juives est renforcée. Le monde entier s'indigne. Israël dénonce un "meurtre odieux de juifs".
UNE MINUTE DE SILENCE
20 mars. Les écoles observent une minute de silence à la demande du président Sarkozy. Le Parlement s'y associe. Deux cents enquêteurs procèdent à des centaines d'auditions. Un avion emporte en Israël, pour y être inhumés, les corps des victimes de l'école juive de Toulouse, accompagnés du ministre des affaires étrangères Alain Juppé.
LE SUSPECT, MOHAMED MERAH, 23 ANS
21 mars. Un Français d'origine algérienne, Mohamed Merah, passé de la délinquance à l'islamisme radical et se revendiquant d'Al-Qaïda est retranché à Toulouse dans un immeuble du quartier de la Côte pavée. L'homme âgé de 23 ans est cerné par le Raid à partir de 3h du matin. Trois policiers sont blessés. Merah, qui a accepté d'échanger une arme contre un talkie-walkie, dit aux policiers vouloir se rendre et affirme "avoir voulu venger les enfants palestiniens".
Le même jour, Nicolas Sarkozy reçoit les responsables des communautés religieuses avant de se rendre à Toulouse, puis à Montauban aux obsèques des militaires assassinés auxquelles assistent cinq autres candidats à la présidentielle. Le procureur de Paris, François Molins, chargé de l'enquête, déclare que Merah s'apprêtait à tuer un autre soldat dès mercredi, puis deux policiers. Selon lui, le tueur se vante d'avoir mis seul "la France à genoux" et "n'exprime aucun regret", sinon de "ne pas avoir fait plus de victimes".
Le scooter de Merah et deux casques sont retrouvés, ainsi qu'une caméra dans un sac qu'il avait confié à une personne de sa connaissance. Un arsenal est découvert dans sa voiture. Sa mère, son frère et l'amie de celui-ci sont placés en garde à vue. Des explosifs sont trouvés dans la voiture d'un frère.
Pendant ce temps, à Jérusalem, au moins 2.000 personnes assistent à l'enterrement des quatre victimes de l'école juive de Toulouse.
L'ASSAUT FINAL
22 mars. Le contact est rompu depuis la veille à 22h45, heure à laquelle Mohamed Merah a assuré aux négociateurs du Raid vouloir "mourir les armes à la main". Au petit matin, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, se demande si Merah est encore vivant. Vers 11h, les policiers entrent finalement dans l'appartement de Merah par la porte et les fenêtres dont les volets avaient été enlevés dans la nuit. L'homme es alors terré dans la salle de bains. Une demi-heure plus tard, à 11h30, au moment même où les policiers introduisent une caméra dans la salle de bains, "le tueur au scooter" ouvre le feu "avec une extrême violence". Puis il sort en continuant à tirer avant de sauter par la fenêtre. Il est retrouvé mort au sol, touché par des snipers positionnés dehors, selon une source policière. Le siège aura duré 32 heures.