"On m'a fait passer pour la coupable." Treize ans après les faits et après trois semaines de procès tendu, Nina a été reconnue victime de viols dans l'affaire dite des tournantes de Fontenay-sous-Bois. Mais la jeune femme de 29 ans ne se satisfait pas de ce verdict. Elle a l'impression de ne pas avoir été entendue par la justice.
"Dans le Code pénal, ils peuvent écrire que c'est autorisé de violer"
Nina assure avoir été considérée comme une menteuse pendant tout le procès. "Il fallait répéter des dizaines et des dizaines de fois. C'est comme si je revivais les viols à chaque fois. Malgré tout, il ne se passe rien. Elle attend quoi la justice ?", demande la jeune femme qui dénonce des "peines ridicules". "Ça fait treize ans que je n'ai pas de vie et eux repartent tranquillement. En gros, dans le Code pénal, ils peuvent écrire que c'est autorisé de violer", tempête-t-elle.
"Je ne m'attends plus à rien" :
Le jeune femme qui habite toujours dans le même quartier craint donc de rencontrer ceux qui l'ont violée. "Je vais les croiser tous les jours. Si demain je vais au centre commercial, je vais les croiser comme si rien ne s'était passé. On se croirait dans un film", dénonce-t-elle. "Je n'ai jamais souhaité qu'ils prennent 30 ans mais au moins une peine de prison à la hauteur de ce qu'ils ont fait", s'agace Nina.
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La jeune femme, qui avait accepté de témoigner à visage découvert avant le procès en espérant convaincre d'autres victimes de suivre son exemple et dénoncer les faits, dit aujourd'hui regretter cette décision. "Je ne conseillerais même pas à une victime d'aller porter plainte", dit-elle.
"Les viols au bout d'un moment, on s'y habitue"
Nina se prend même à regretter d'avoir dénoncé les viols dont elle a été victime. "Je me dis que si je n'avais pas porté plainte, j'aurais continué ma vie comme avant. En prenant des coups certes, mais de toute façon, les coups je ne les sentais plus. Les viols au bout d'un moment, on s'y habitue. C'est triste à dire, mais c'est la vérité", confie-t-elle.
La jeune femme, qui avait des projets d'avenir, dit avoir tout abandonné. "Je ne m'attends plus à rien. Je ne peux plus me reconstruire, je n'attends plus rien de la vie", assène-t-elle, implacable. "J'avais plein de projets en tête. Je comptais tourner la page mais là je ne vais pas tourner la page, je suis en plein dedans", poursuit Nina.
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"S'il faut que je fasse justice moi-même, je le ferai"
Et la jeune femme craint désormais de "faire une connerie contre eux". "S'il faut que je fasse justice moi-même, je le ferai. Je ne m'en cache pas", assure-t-elle. "Mais moi, je ne serai pas acquittée", ajoute-t-elle amèrement.
Encore combative, Nina promet de "remuer la merde". "Il faut que ça bouge. Même si ce n'est pas pour moi, il faut que ça bouge pour les prochaines victimes. Si j'étais quelqu'un du gouvernement, je ne resterais pas assis sur mon fauteuil à fermer ma gueule", gronde-t-elle. "La justice, ça m'écoeure", conclut Nina.