L’info. Il avait lancé trois grenades d’exercice contre la mosquée des Sablons du Mans, dans la Sarthe, dans la nuit du 7 au 8 janvier, quelques heures après l’attentat des frères Kouachi contre Charlie Hebdo. Il a été condamné à trois ans de prison dont un an ferme par le tribunal correctionnel du Mans.
Retour sur les faits. Dans la nuit du 7 au 8 janvier, vers 0h30, cet homme de 69 ans avait jeté trois grenades d'exercice, dites grenades à plâtre, et tiré au fusil 22 long rifle contre cette mosquée d’un quartier populaire du Mans. Le lieu de culte, installé dans une maison, ne présentait aucune mention particulière. Parmi les trois, une seule grenade avait explosé dans la petite cour sans faire de dégâts majeurs. Interpellé quelques jours après, l’homme avait reconnu les faits.
"Nous aussi, les Français, on peut se manifester". A la barre, le prévenu, caché derrière sa barbe blanche, a déclaré avoir agi sur un coup de tête, lui qui avait été abonné à l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. "Cet attentat, ça m’a foutu en l’air, j’ai voulu réagir", a expliqué celui qui s’est décrit comme "républicain athée", et originaire de Coulaines, dans la banlieue du Mans. L’homme, dépressif et alcoolique depuis plusieurs années, a reconnu avoir bu avant de se rendre à la mosquée tard dans la nuit. Une heure, avait-il dit aux enquêteurs pour sa défense, où il se "doutait" qu'il n'y avait personne dans le lieu de culte.
Devant le tribunal, celui qui a affiché peu de regrets, a notamment dû s’expliquer sur le fait qu'il avait scotché des vis sur les grenades. "Pour faire peur", a-t-il répondu. Et pourquoi les avoir peintes en vert avant de les jeter sur la mosquée ? "Pour effrayer, pour montrer que nous aussi, les Français, on peut se manifester", a assuré le sexagénaire qui avait déclaré devant l'expert "se sentir menacé par l'islam".
Une peine de prison assortie d’une obligation de soins. La condamnation prononcée à l’encontre de cet ancien infirmier psychiatrique, sans casier judiciaire, est conforme à celle requise par le procureur de la République, un peu plus tôt à l’audience. Soit trois ans de prison dont deux avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve et d'une obligation de soins. Le procureur avait estimé que les actes commis par le sexagénaire l’avaient été "sur fond de préjugés raciaux et d’amalgames stigmatisants". En détention provisoire depuis un mois, le retraité va donc dormir encore en prison ce soir, à l’isolement. Une peine que son avocat juge trop lourde, dictée par le contexte actuel et la montée des actes islamophobes.
Invité à prendre le thé… à la mosquée. Dans la salle d'audience, des représentants de la communauté musulmane, dont Mohamed Lamaachi, l'imam de la mosquée attaquée, qui s’était constitué partie civile. A la sortie du tribunal, il a souhaité apaiser les esprits. "La justice s’est prononcée, maintenant nous on va retirer notre plainte. Avec son état de santé, on a pitié pour lui. […] On ne sait pas s’il regrette ou non, mais ce que l’on a retenu c’est qu’il a du mal à expliquer ce qu’il a fait. Nous, ce que l’on veut, c’est son bien, on ne veut pas se venger", a-t-il ainsi déclaré au micro d'Europe 1. S’il a condamné à la barre "cet acte islamophobe", il a assuré son pardon au prévenu. Et l’a même invité à passer le voir à l’issue de la peine : "Il peut venir à tout moment nous visiter à la mosquée. On l'accueillera avec du thé et du couscous".
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