Un attentat a été "évité" à Paris, après l'interpellation d'un homme de 23 ans, dimanche. Le suspect, Sid Ahmed Ghlam, chez qui un "arsenal de guerre" a été retrouvé, projetait de frapper une ou deux églises en région parisienne. Il est également soupçonné d'être l'auteur de l'assassinat d'Aurélie Châtelain, une mère de famille retrouvée morte par balle dans sa voiture en feu, à Villejuif, dimanche matin. Que sait-on sur le profil de ce terroriste présumé ?
Un étudiant déjà dans le collimateur de la DGSI. Ce jeune Algérien est étudiant en électronique. Il se trouvait déjà dans le collimateur de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), après avoir été signalé, au printemps 2014, comme ayant des velléités de partir faire le djihad en Syrie, a indiqué Bernard Cazeneuve, mercredi soir au JT de TF1. Sid Ahmed Ghlam a donc été "convoqué" par les services de renseignement. Sa téléphonie a été examinée et analysée, mais elle n’a pas révélé de contacts avec une filière djihadiste. "Une fiche de sûreté à néanmoins été diffusée", a précisé le ministre. Un document qui, en cas de contrôle d'identité, permet aux autorités, de connaître immédiatement le profil de l'individu et son degré présumé de dangerosité.
Début 2015, la DGSI apprend cette fois que Sid Ahmed Ghlam est parti séjourner en Turquie. A son retour, elle effectue les mêmes vérifications, selon le "même processus", a indiqué Bernard Cazeneuve. L'homme se justifie alors en disant avoir effectué un séjour "touristique". En résumé, le suspect a donc bien été entendu deux fois par la DGSI, sans que les vérifications sur son environnement révèlent "d'éléments susceptibles de justifier l'ouverture d'une enquête judiciaire", a précisé Bernard Cazeneuve.
Des contacts en Syrie ? Sid Ahmed Ghlam ne semblait alors pas avoir de liens apparents ni de contacts avec une filière d'acheminement de djihadistes ou une quelconque organisation basée en Syrie. Mais l'analyse du matériel informatique saisi par les enquêteurs à son domicile, dimanche, a permis d'établir qu'il était en contact avec une personne "pouvant se trouver en Syrie", et avec laquelle il aurait échangé sur les "modalités de commission d'un attentat", a révélé mercredi le procureur de la République de Paris, François Molins. Cet homme lui aurait demandé "explicitement de cibler particulièrement une église", a ajouté le magistrat.
Installé définitivement en France en 2011. Né en Algérie en août 1991, Sid Ahmed Ghlam y a passé toute son enfance. A l'âge de dix ans, il arrive en France avec sa mère, pour rejoindre son père à Saint-Dizier, ville moyenne de Haute-Marne. Mais faute de papiers, il doit repartir en Algérie en 2003 où il passe son baccalauréat en 2010, a rapporté François Molins. Une fois revenu en France en 2011, ce célibataire sans enfant entame alors des études d'électronique à Reims et Paris. Entre novembre 2011 et juin 2013, il est notamment passé par l'école parisienne Supinfo, où l'on se souvient de lui comme d'un bon élève.
Il avait falsifié des documents officiels pour entrer à la fac. A contrario, l'étudiant a laissé un moins bon souvenir à l'université parisienne Pierre et Marie Curie (UMPC). En décembre 2014, soupçonnant Sid Ahmed Ghlam d'avoir falsifié des relevés de notes en vue de s'inscrire à l'UMPC, l'établissement a demandé à ce qu'il passe devant une section disciplinaire. Inscrit en septembre en troisième année de licence de sciences et technologie, le suspect n'assistait plus aux cours dès le mois d'octobre. Il ne s'est pas non plus présenté aux examens, en décembre dernier.
Grâce à cette inscription à la fac, le jeune homme a pu obtenir une chambre dans une résidence universitaire du Crous, dans le 13e arrondissement, non loin de laquelle il a été interpellé. Ici, l'étudiant ne faisait pas de vagues : "Il n'y a jamais eu de signalement le concernant", a souligné auprès d'Europe 1 Constance Blanchard, porte-parole du Crous.
Une radicalisation discrète. Jusqu'à l'an dernier, Sid Ahmed Ghlam ne faisait donc pas parler de lui - sauf dans une affaire de violence volontaire, en août 2013 qui sera classée sans suite. Si la documentation en arabe sur Al-Qaïda et l'Etat Islamique retrouvée chez lui démontre qu'il s'était radicalisé ces dernières années, à aucun moment les autorités ne l'ont soupçonné de préparer des attentats. Sans doute en raison de la discrétion de sa radicalisation, effectuée dans son coin, sans aller à la mosquée. Ainsi, rien ne permet d'établir pour le moment que sa famille ou que la jeune femme arrêtée mercredi matin aient été au courant de cette évolution. Un cas typique de "radicalisation en chambre" commente un spécialiste de l'antiterrorisme. Une question se pose toutefois : comment un simple étudiant a-t-il pu se procurer, seul, un tel arsenal de guerre et 2.000 euros en liquide ?
>> LIRE AUSSI - Qui est Aurélie, retrouvée morte dans sa voiture en feu ?
>> LIRE AUSSI - Ce qu'on sait sur l'attentat "évité" à Paris dimanche
>> LIRE AUSSI - Attentat "évité" : un complice du suspect en Syrie ?