Philippe El Shennawy, un détenu de 58 ans qui a passé plus de 30 ans en prison et n'est pas libérable avant 2032, observe depuis un mois une grève de la faim à Poissy, dans les Yvelines, usé par la "longueur infinie" d'une peine devenue "ubuesque", a-t-on appris mercredi auprès de ses avocats.
Philippe El Shennawy "refuse de s'alimenter, il se contente de boire", a précisé Me Julien Dubs, l'un de ses conseils qui l'a vu lundi à la maison centrale de Poissy. Si "pour l'instant, il va bien", selon l'avocat, c'est bien "le désespoir et la révolte" qui ont conduit cet homme incarcéré pour la première fois en 1975 à entreprendre cette action et la médiatiser.
Père et désormais grand-père, il a passé au cours des 37 dernières années moins de trois ans en liberté, multipliant les condamnations pour braquages et évasions notamment. C'est la décision de la cour d'appel de Versailles, le 18 mai, de ne lui accorder qu'une confusion de peines minimale qui est venue briser "toute perspective effective d'avenir", selon un communiqué de Me Virginie Bianchi, son autre avocate.
Désormais sans espoir de sortie avant 2032, Philippe El Shennawy a décidé "de lâcher prise et de rompre avec une existence entièrement vécue dans l'insoutenable attente de décisions administratives et judiciaires", selon ce communiqué.
Le refus de confondre les peines du braqueur au casier judiciaire très chargé "mais qui n'a pas de sang sur les mains", rend sa peine "ubuesque et sans aucun sens", estime Me Dubs. Contactée par l'AFP, l'Administration pénitentiaire n'a pas fait de commentaire.