L'INFO. Au matin du 11 février 1994, Stéphane Hirson disparaissait à l'aube de ses 18 ans, en Seine-et-Marne. Le jeune homme aux cheveux blonds et aux yeux bleus avait quitté le domicile de ses parents pour rejoindre un ami à la gare de Meaux dans le but de se rendre ensemble à l'Anpe. Séphane n'est jamais arrivé au rendez-vous. 20 ans plus tard, presque jour pour jour, en février 2013, un os identifié mardi comme appartenant au jeune disparu été découvert en mer, au large d'Antibes, parmi d'autres ossements humains dont un crâne portant d'intrigantes inscriptions. Une véritable énigme et le point de départ d'une longue enquête criminelle.
Une découverte macabre par 6 mètres de fond. Nous sommes le 10 février 2013, au large du Cap d'Antibes, dans les Alpes-Maritimes. Un plongeur professionnel pèche l'oursin à flanc de falaise. Mais ce jour-là, sa chasse aux délices échinidés va tourner court. Par 6 mètres de fond, l'homme grenouille découvre une série d'ossements ressemblants à des restes humains et alerte la gendarmerie. Les hommes de la brigade nautique d'Antibes plongent à leur tour, appuyés par des techniciens spécialisés en investigations criminelles sous-marines. Ce qu'ils remontent à la surface est saisissant : un fémur, deux humérus, un crâne et un morceau de mandibule découvert coincé entre deux rochers. Détail encore plus intriguant, le crâne porte une inscription manuscrite et un dessin, tous deux gravés à l'encre indélébile : une cible ainsi que l'inscription "morts aux pédophiles", légèrement effacées du fait de l'immersion.
>> Le récit de France 3 - Côte d'Azur :
L'ADN lève une partie du voile. Les prélèvements ADN effectués sur les restes vont livrer leurs premières vérités. Le premier humérus, masculin, est celui de Stéphane Hirson, le jeune disparu de Seine-et-Marne. Le second humérus est celui d'une femme, dont l'âge est inférieur à 30 ans. Le fémur appartient lui aussi à une personne n'ayant pas atteint la trentaine. Le crâne est quant à lui celui d'un homme de moins de 50 ans. D'autres analyses techniques doivent désormais déterminer le temps qu'ont passé les os au fond de l'eau. Les enquêteurs espèrent également pouvoir dater l'étrange inscription sur le crâne. Des recherches en mer devraient être entreprises dans l'espoir de retrouver d'autres ossements potentiellement entraînés plus loin par les courants.
Une enquête ouverte pour "homicides". Depuis 20 ans et la disparition de Stéphane Hirson, l'enquête "n'avait pas permis de retenir l'hypothèse criminelle, on parlait d'une fugue", a rappelé le procureur de Grasse, Georges Gutierrez, mercredi. Selon les éléments récoltés à l'époque, le jeune homme n'avait "pas de raison de venir sur la Côte d'Azur, mais il semble qu'il avait exprimé son vœux d'aller en Espagne". Cette découverte relance de fait une enquête avortée. Le magistrat a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire pour "homicides volontaires", "séquestrations", "enlèvements" et "recel de cadavres". La justice veut désormais "découvrir à qui appartiennent les autres ossements et si ces personnes ont été tuées volontairement", a précisé Georges Gutierrez "Nous sommes devant une série d'énigmes", a-t-il souligné en confiant être très troublé par cette affaire.
La famille de Stéphane entre tristesse et colère. La mère de Stéphane Hirson n'avait jamais perdu espoir pendant cette période. Elle n'a pas souhaité s'exprimer mercredi. Une cousine du disparu, qui anime notamment un groupe Facebook portant les appels à témoins relatifs à la disparition de Stéphane a appris la nouvelle mardi. C'était "le choc, l'émotion, la tristesse et la colère d'apprendre ça par les journalistes", a-t-elle confié, avant de déclarer qu'il faut "retrouver le corps pour qu'on puisse l'enterrer, faire une cérémonie".. Pour cette proche cousine de Stéphane, le dossier de la disparition est "parti aux oubliettes de la justice". La famille, désespérée, a eu l'impression de "se battre contre des montagnes" pendant 20 ans. Cette dernière à même encore récemment écrit au gouvernement pour relancer l'enquête. "On avait l'idée de revoir" Stéphane, a ajouté la cousine, déplorant que la famille n'ait "jamais été prise au sérieux" par la police. Le jeune homme, qui avait arrêté ses études en 3e, voulait être ébéniste. Il avait fait "un séjour à l'hôpital psychiatrique pour des crises de nerfs", se souvient sa cousine. "Ce n'est pas qu'il était déséquilibré, il avait juste des moments de colère". Stéphane était l'aîné de trois enfants.