"L'intéressé ne conteste pas les faits", a annoncé, jeudi soir, le procureur de Béthune, Philippe Peyroux, après la mise en examen et le placement en détention provisoire de ce jeune surveillant dans un collège. Soupçonné de viols et d'atteintes sexuelles sur neuf adolescentes de 12 à 15 ans et de corruption de mineurs via un réseau de communication électronique, il avait été placé en garde à vue, mardi matin, dans le Pas-de-Calais.
Un signalement effectué par une mère de famille. Une enquête de police avait été ouverte après que la mère d'une adolescente scolarisée au collège de Leforest, près de Lens, eut signalé, fin janvier, à l'établissement avoir découvert des échanges de messages à caractère sexuel entre le surveillant et sa fille dans le téléphone portable de celle-ci. La principale du collège a alors fait un signalement au parquet et le surveillant a démissionné, avait indiqué mercredi le rectorat.
Sur les réseaux sociaux, il incitait les jeunes filles de se déshabiller. C'est une enquête dite d'environnement qui a alors permis d'identifier huit autres victimes du surveillant, contractuel de l'Education nationale depuis l'automne 2013. Les soupçons de viol concernent plus particulièrement deux des jeunes filles, les autres ayant reçu du jeune homme des caresses sur le chemin de leur domicile ou chez elles, a précisé le magistrat.
En outre, "il demandait aux jeunes filles sur les réseaux sociaux de se déshabiller. Il y avait celles qui acceptaient, celles qui refusaient, et celles qui se mettaient juste en sous-vêtements", a dit Philippe Peyroux. "Il n'y a pas eu de menaces", a spécifié le procureur, avant de rappeler : "Le législateur considère que des filles de cet âge ne sont pas aptes à formuler un consentement éclairé", ce qui constitue l'infraction de viol et d'atteinte sexuelle.
Des jeunes filles repérées en fonction de leur vulnérabilité. "Un certain nombre de jeunes filles, plus fragiles, avaient été repérées et sélectionnées" au collège par le surveillant, a-t-il dit. Interrogé sur un éventuel processus de prédation, Philippe Peyroux a estimé que le surveillant "avait davantage joué sur la séduction".
"On a bien senti que les victimes au moment de l'enquête étaient réservées, car le jeune homme était sympathique, beau garçon", a-t-il noté, jugeant possible l'éventualité que d'autres jeunes victimes n'aient pas encore osé le dénoncer.
Un premier avertissement fin 2014. Une première alerte était apparue en automne 2014 : le surveillant avait alors fait "l'objet d'un avertissement parce qu'il avait raccompagné une mineure à pied, mais il ne s'était rien passé de particulier", a indiqué le procureur. "C'était resté en interne à l'Education nationale parce qu'il s'agissait d'un avertissement. Nous n'avions pas été informés, nous n'avions pas à l'être, car il ne s'était rien passé", a expliqué le magistrat.
A l'issue de l'enquête, le suspect, âgé de 24 ans, comparaîtra devant la cour d'assises où il encourra vingt ans de réclusion criminelle.
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