L'actu. C'est un procès rarissime qui s'ouvre mardi devant les assises du Val-de-Marne : celui d'un viol conjugal. L'accusé est le mari de la victime, il encourt jusqu'à 20 ans de prison. Pour la victime, ce procès est déjà une première victoire.
Une "nuit d'enfer". Il a en effet fallu beaucoup de courage et de ténacité à Samia Jaber pour aller au bout de la procédure. Après une "nuit d'enfer" où son compagnon la frappe et la viole à deux reprises, la jeune femme part travailler. Sur le quai du RER, elle croise une brigade de la police ferroviaire à qui elle demande comment faire pour porter plainte. Les policiers, alertés par l'état dans lequel se trouve Samia, l'emmènent faire toutes les constatations médicales nécessaires et l'obligent même à déposer sa plainte, alors qu'elle voulait faire marche arrière.
"Ma dernière nuit". Le bon réflexe de Samia a été de dénoncer celui qui est désormais son ex-mari dès le lendemain des faits. "J'ai cru que ça allait être ma dernière nuit. Pour moi, c'était terminé. Je me suis dit que si je ne le faisais pas tout de suite, dans une semaine peut-être que je vais mourir. C'était à ce moment-là ou jamais", confie Samia sur Europe 1.
"Peur de ne pas être crue". Sans les conseils des policiers, Samia aurait continué à avoir peur. "On a surtout peur de ne pas être crue. Ce n'est pas évident d'aller porter plainte contre le père de sa fille et son compagnon. C'est pour ça que c'est très important d'avoir des certificats médicaux", explique-t-elle.
Les affaires souvent "correctionnalisées". Comme Samia, des milliers de femmes sont victimes de viol conjugal. Mais toutes n'ont pas le courage ou la force d'entamer les démarches nécessaires à temps. A cet égard, le dossier de Samia est exemplaire car toutes les preuves du viol sont établies, selon son avocate Me Bonaggiunta. "En cas de viol conjugal, l'affaire est rarement renvoyée devant une cour d'assises. On estime souvent qu'il n'y a pas suffisamment de preuve et le dossier est renvoyé devant un tribunal correctionnel pour des faits de 'violences aggravées'", regrette Me Bonaggiunta, sur Europe 1.