Témoin clé de l'affaire Grégory, Murielle Bolle, placée en garde à vue mercredi pour "complicité d'assassinat", a été entendue par les gendarmes des Vosges jusqu'à très tôt jeudi matin. Elle a ensuite été transférée à Dijon pour être présentée à la juge d'instruction Claire Barbier, a annoncé son avocat. La magistrate pourrait la mettre en examen ou la placer sous le statut de témoin assisté.
Les enquêteurs pouvaient l'interroger jusqu'à jeudi matin au plus tard, compte tenu des heures de garde à vue déjà effectuées les 2 et 3 novembre 1984. Selon son avocat, Maître Jean-Paul Teissonnière, elle était entendue "essentiellement pour complicité d'assassinat, non-dénonciation de crime".
Victime d'un malaise. Son audition par la juge est toutefois retardée. En effet, Murielle Bolle a été victime d'un malaise peu après son arrivée à la cour d'appel de Dijon. Elle a quitté les lieux vers 13h30 dans une ambulance des pompiers et a été hospitalisée. La cour d'appel attendait dans la soirée ses résultats médicaux pour décider de la présenter à nouveau à la juge d'instruction, d'ici jeudi soir ou vendredi matin.
"Il y a maintenant 31 ans qu'elle maintient la même version." Mercredi, dans les locaux de l'escadron de gendarmerie mobile de Saint-Etienne-lès-Remiremont, Murielle Bolle s'est exprimée, mais n'est pas revenue sur ses déclarations. "Il y a maintenant 31 ans et six mois qu'elle maintient la même version. Il n'y a pas de nouveau de ce côté là", a expliqué tard dans la soirée son avocat. Et "si le fait de répéter les mêmes déclarations pendant 31 ans devient un délit, je ne comprends pas", a-t-il martelé. "S'il fallait la mettre en examen, il fallait la mettre en examen il y a 30 ans".
À l'origine de l'arrestation du premier suspect. En 1984, alors âgée de 15 ans, Murielle Bolle fut à l'origine de l'arrestation du premier suspect, son beau-frère Bernard Laroche dont les époux Jacob étaient proches, en livrant un témoignage accablant avant de se rétracter brusquement. Ce dernier avait été remis en liberté début 1985 puis tué par son cousin Jean-Marie Villemin, le père de Grégory.
Trois décennies plus tard, peut-elle encore changer de version ? "Elle répond aux questions qui lui sont posées par les gendarmes. Pour l'instant, l'audition se déroule dans des conditions très correctes", avait souligné Maître Teissonnière mercredi.
Les enquêteurs se sont déjà interrogés sur son rôle dans l'enlèvement de Grégory. Dans le passé, les enquêteurs se sont déjà interrogés sur le rôle de l'adolescente dans ce qui reste l'une des plus grandes énigmes de l'histoire criminelle contemporaine. Ils ont notamment exploré une piste selon laquelle elle aurait pu prendre une part active à l'enlèvement de Grégory en lui injectant une dose d'insuline - obtenue auprès de sa mère, Jeannine Bolle, diabétique - pour le plonger dans le coma.
Un flacon et une seringue avaient été retrouvés au bord de la Vologne, à un endroit où le corps de l'enfant de quatre ans avait pu être immergé. Mais la cour d'appel de Dijon, en 1993, avait jugé qu'il était "en l'état impossible" d'inculper Murielle Bolle, en relevant qu'une "intention criminelle" semblait exclue.