Depuis deux jours, le beau-père et la mère de Tony, ce petit garçon de trois ans et demi tué en novembre 2016 par les coups et la maltraitance, sont jugés devant la Cour d'assises de Reims. Mardi après-midi, les témoins et l'entourage de la victime, qui n'ont rien fait pour protéger l'enfant, ont été longuement entendus. Tous ont défilé à la barre, tentant tous de minimiser ce qu'ils savaient, par peur d'être poursuivis pour non-dénonciation de mauvais traitements. À l'image de cette voisine de palier, qui a expliqué d'une voix faible n'avoir entendu Tony pleurer "qu'une fois". Pourtant, au moment des faits, cette dernière avait expliqué entendre des cris et des coups quotidiens.
"Elle n'a absolument rien fait"
Le même exercice d'équilibriste a été constaté chez une amie d'enfance de Caroline Letoile, la mère de l'enfant, qui a une fille du même âge et fréquentait souvent les accusés. Un comportement qui désole l'avocat Rodolphe Costantino, défenseur de l'association Enfance et partage. "Elle vient dire clairement qu'elle était au courant, que l'enfant s'était ouvert à elle très explicitement sur le fait que le cocard qu'il avait à l'œil était le fait de son beau-père, et qu'elle avait également pu constater des violences verbales. Mais pour autant, elle n'a absolument rien fait."
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La jeune femme a de son côté expliqué lors de l'audience avoir alerté la mère de Tony, qui lui aurait ''joué la comédie". Des réponses qui ont poussé un avocat de partie civile à lui demander si "elle connaissait le numéro d'enfance en danger". Ce à quoi elle a répondu par la négative. "C'est le 119 madame, lui a signifié le juriste. J'espère que vous ne croiserez pas d'autres Tony."
L'enquête autour de la mort de l'enfant a montré que les insultes, les gifles et coups de poing avaient débuté dès l'arrivée de Loïc Vantal chez la mère de Tony, en septembre 2016, avec une dramatique intensification des violences la semaine précédant la mort de l'enfant. Le procès, qui avait initialement débuté le 11 février 2020, avait dû être reporté à février 2021 en raison de la grève des avocats.