Il assure avoir seulement voulu "espionner" la famille nantaise. Hubert Caouissin, beau-frère de Pascal Troadec, livre peu à peu sa version des faits aux enquêteurs. Dimanche, le suspect, confondu par son ADN présent dans la maison d'Orvault, a avoué le quadruple meurtre du couple et de leurs enfants, portés disparus depuis près de trois semaines. Selon ses premières déclarations, rapportées par le procureur de Nantes, Pierre Sennès, lundi, les quatre victimes ont toute été tuées dans la nuit du 16 au 17 février, à leur domicile. La compagne du suspect, Lydie Troadec, l'aurait ensuite aidé à se débarrasser des corps.
Un stéthoscope sur les fenêtres et les portes. Le 16 février au soir, Hubert Caouissin se rend à Orvault, "à proximité du domicile de la famille", selon le procureur. Depuis plusieurs années, lui et son épouse sont en conflit avec Pascal Troadec : Hubert Caouissin est "persuadé" que son beau-frère a pu récupérer des pièces d'or dans le cadre d'une succession. L'existence de ce "trésor", que le procureur ne confirme pas, a cristallisé "une profonde rancœur" chez le suspect. En s'installant devant le domicile des Troadec, l'homme affirme avoir l'intention de "voir s'il pourrait recueillir des informations, des éléments". Il est venu équipé d'un stéthoscope, qu'il applique sur les fenêtres et les portes, espérant surprendre des bribes de conversation.
Vers 23 heures, Hubert Caouissin entre dans le garage, puis dans la buanderie, où il attend que les quatre membres de la famille aillent se coucher. Le suspect entre alors dans le domicile, "avec l'intention de récupérer une clé qu'il a vue sur un meuble", selon le procureur. Le bruit réveille Pascal et Brigitte Troadec, qui descendent l'escalier avec, dans les mains, un pied de biche. Une altercation éclate entre les deux hommes et Hubert Caouissin parvient à s'emparer du pied de biche, avec lequel il "donne la mort", "dans un premier temps au couple, puis à Sébastien et Charlotte Troadec", âgés de 21 et 18 ans, rentrés chez leurs parents pour les vacances d'hiver. Des crimes "d'une grande violence" selon le procureur.
Un "nettoyage en règle" de la scène de crime. Hubert Caouissin reste dans le pavillon d'Orvault jusqu'au petit matin, puis reprend la route de Pont-de-Buis, dans le Finistère, où il informe sa compagne du quadruple meurtre. En fin de journée, il se rend à nouveau près de Nantes et se livre à un "nettoyage en règle", tentant d'effacer les traces de ses crimes. Le 18 au soir, il place les corps des quatre membres de la famille Troadec dans le véhicule de Sébastien Troadec, après avoir pris la peine "de le faire entrer en marche arrière dans le garage". Au volant de ce véhicule, il se dirige à nouveau vers la Bretagne.
Là, avec la complicité de sa compagne, le meurtrier se débarrasse des corps. Tous quatre sont démembrés. Une partie est ensuite brûlée, une autre enterrée. Le couple prend soin de nettoyer le véhicule, tentant de faire disparaître les traces de sang, notamment dans le coffre. Ils déposent le véhicule à Saint-Nazaire, espérant "que cela pourrait orienter les fouilles vers le port" de cette ville, située à 60 km de Nantes. "Une sorte de diversion", souffle le procureur.
Lundi, le parquet de Nantes a requis la mise en examen du beau-frère de Pascal Troadec pour les "assassinats" des quatre membres de la famille, ainsi que celle de sa compagne pour "modification de l'état des lieux d'un crime et recel de cadavres"."Il y a un gros travail de précision et de clarification qui doit maintenant être effectué", tempère cependant Pierre Sennès, prudent. "Il y a encore des choses qui sont imparfaites." Les enquêteurs devront notamment confronter ce récit aux preuves matérielles : dans la maison d'Orvault, seul le sang de Pascal, Brigitte et Sébastien Troadec a été identifié par les enquêteurs.