Elle a permis de faire éclater le scandale présumé. L'employée de l'ONU qui avait rédigé un rapport sur des accusations de viols portées par des enfants centrafricains contre des militaires français va être auditionnée. L'ONU, qui avait suspendu son employée lorsque l'affaire a éclaté, l'a en effet autorisé à parler. Les Nations unies ont accepté la "levée d'immunité juridictionnelle dont jouit la rédactrice du rapport afin qu'elle soit entendue comme témoin", a expliqué une source judiciaire. Cette audition devra se dérouler en présence d'un représentant du secrétaire général, Ban Ki-moon, a-t-elle précisé. Il s'agit d'une Française désormais en poste au Chili, a ajouté une source proche du dossier.
Les soldats identifiés pas encore entendus. Révélé au printemps par le quotidien britannique The Guardian, son rapport fait état des témoignages de six enfants de 9 à 13 ans, qui dénoncent des abus sexuels commis par des militaires français de l'opération Sangaris. Les faits se seraient déroulés entre décembre 2013 et mai 2014, aux abords du tarmac de la piste de l’aéroport de Bangui, la capitale centrafricaine.
Quatorze militaires français ont été mis en cause, dont trois identifiés, par les témoignages de six enfants, qui ont notamment parlé de fellations. Les trois soldats identifiés n'ont pour l'instant pas été entendus.
Des auditions réalisées sur place à décortiquer. Des enquêteurs français se sont rendus durant la première quinzaine de juillet en Centrafrique : des prévôts de gendarmerie, le service chargés d'enquêter sur les forces armées françaises à l'étranger, accompagnés d'un juge d'instruction et d'un représentant du parquet.
En présence d'un interprète en sango, une enquêtrice spécialisée dans les interrogatoires de mineurs victimes a notamment entendu les onze enfants - des auditions qui ont été filmées -, ainsi que des responsables d'associations et d'ONG. Les enquêteurs vont désormais décortiquer ces auditions pour notamment vérifier si ces déclarations sont compatibles avec la topographie des lieux, et pour vérifier qu'elles n'ont pas varié. Durant leur séjour centrafricain, les enquêteurs se sont rendus dans le camp de l'aéroport M'Poko.
L'instituteur qui avait donné l'alerte entendu, mais... Un instituteur centrafricain, qui avait été le premier à transmettre ces accusations, a également été entendu. Selon une source proche du dossier, il a confirmé les identités des mineurs qui auraient été victimes de viols, selon une source proche du dossier. Il n'a en revanche pas souhaité répondre à d'autres questions précises sur les faits allégués, a ajouté cette source, sans plus de détail.
Le Drian met un coup d'accélérateur à l'enquête. L'ONU et le ministère de la Défense s'étaient défendus d'avoir voulu étouffer ces accusations, rendues publiques près d'un an après l'ouverture d'une enquête préliminaire à Paris. "Si les faits sont avérés, je ne mesurerai pas ma colère, parce lorsque le soldat français est en mission, il est la France. Si d'aventure un seul d'entre eux a commis de tels actes, qu'il se dénonce immédiatement", avait déclaré le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
La semaine dernière, la justice française a ouvert une enquête préliminaire distincte, pour viol, après des accusations portées contre un soldat français de Sangaris par une jeune femme centrafricaine.