L'évêque d'Angers a récemment écrit aux prêtres de son diocèse pour qu'ils puissent informer les fidèles des "comportements inappropriés" dont se serait rendu coupable un prêtre, décédé en 2012, envers deux mineures, selon un message publié sur le site Internet du diocèse.
Des témoignages "courageux". Dans ce courrier transmis le 1er février, Mgr Emmanuel Delmas explique avoir "reçu des témoignages de jeunes adultes qui (lui) ont confié avoir subi dans leur enfance des comportements inappropriés de la part d'un ancien aumônier, l'abbé Houard, aujourd'hui décédé". "Ce sont des agissements graves et profondément destructeurs", poursuit l'évêque sans préciser la nature de ces faits. "Le fait que ces jeunes aient pu en parler et se confier participe à ce travail essentiel de reconstruction. Il est courageux de leur part qu'ils aient pu s'en ouvrir à moi", écrit-il encore.
Pas d'action en justice. Le responsable diocésain précise que, puisque le prêtre est aujourd'hui décédé, "'il ne s'agit donc pas d'ouvrir une action en justice", mais plutôt "d'exprimer simplement (s)a disponibilité auprès de toute personne qui aurait eu à subir de tels agissements de la part de ce prêtre". Il invite aussi les prêtres à "accueillir, le cas échéant, toute personne qui souhaiterait se confier sur ce sujet". Dans une interview à RCF Anjou, le délégué épiscopal à l'information et à la communication Christophe Lefebvre, a précisé que ce courrier fait suite à l'audition par l'évêque en 2016 de "deux jeunes adultes" qui auraient été agressées par l'abbé Houard "lorsqu'elles étaient mineures". Le délégué épiscopal évoque des "faits de pédophilie".
Bien connu des Angevins. Décédé à l'âge de 85 ans, Hyacinthe-Marie Houard était une figure bien connue des Angevins. Présent une quarantaine d'années dans le diocèse, il a fondé la troupe locale des Scouts d'Europe au début des années 1980 et fut secrétaire général de l'Université catholique d'Angers avant de participer en 1983 à la création de l'Institut des relations publiques et de la Communication (Ircom).
Tolérance zéro. Cette démarche de Mgr Delmas s'inscrit dans la politique de tolérance zéro décidée par le pape François. Elle a amené la conférence des évêques français à adopter tout un dispositif encourageant la transparence et prévoyant des services de veille pour permettre les dénonciations d'abus passés ou présents. En juin, le souverain pontife avait décidé d'accroître la pression sur la hiérarchie catholique dans le monde entier, en ouvrant la voie à la révocation d'évêques coupables de "négligence" face à des cas de pédophilie dans l'Église. Il a mis en place une commission internationale d'experts chargée de proposer des mesures de prévention.