L'agression s'est déroulée à Angoulême, samedi soir, vers 21 heures. Houria, 34 ans, montait dans sa voiture à proximité de son domicile, retrace France Bleu. Sa fille de 12 ans et une amie de cette dernière étaient installées à l'arrière du véhicule. L'ancien conjoint de la jeune femme, âgé de 41 ans, a fait irruption avant que la mère de famille ne redémarre. Après avoir cassé les vitres de l'automobile, l'homme a poignardé son ex-compagne à trois reprises, la blessant grièvement, avant de prendre la fuite. Hospitalisée à Poitiers, Houria se trouve toujours entre la vie et la mort, mardi. Elle y recevra la visite de la Secrétaire d'État Marlène Schiappa, particulièrement émue par l'agression : à l'automne, toutes deux s'étaient déjà rencontrées en marge d'un forum sur les violences faites aux femmes.
"Elle s'en est sortie grâce aux travailleurs sociaux". "J'ai rencontré H. pendant le Tour de France de l'égalité (entre les femmes et les hommes, ndlr). Elle m'a confié longuement les violences conjugales insoutenables vécues des années, et comment elle s'en est sortie grâce aux travailleurs sociaux", a écrit Marlène Schiappa sur Twitter, lundi. En juin 2017, un employé des services sociaux s'était en effet rendu au domicile de la mère de famille pour "un autre motif", selon Le Parisien. Il avait alors remarqué les hématomes sur son corps et réalisé un signalement. La mère de trois enfants âgés de 4, 7 et 12 ans avait été mise à l'abri un mois plus tard, acceptant de porter plainte contre leur père.
Le couple, de nationalité algérienne, se trouvait en situation irrégulière. Fayçal B., le conjoint d'Houria, avait été expulsé de France en 2004, avant d'y revenir en 2014 avec un visa touristique. Malgré les rejets de ses demandes de titre de séjour, il demeurait depuis en Charente-Maritime, souligne La Charente Libre. Condamné pour violences conjugales en octobre 2017, Fayçal s'était finalement vu notifier une mesure d'éloignement du territoire français, mais avait fait appel. Appuyée par Marlène Schiappa, Houria avait, elle, bénéficié d'un titre de séjour à l'automne.
"Elle pensait voir le bout du tunnel". "C'est une femme très lumineuse, qui va beaucoup vers les autres, qui aidait les femmes", raconte au Parisien Anne-Laure Willaumez, vice-présidente du Centre communal d'action sociale (CCAS) d'Angoulême. "Elle pensait voir le bout du tunnel. Elle cherchait activement un travail. Il y a quinze jours, elle nous avait appelés, soulagée, pour nous dire que son ex-conjoint venait d'être incarcéré. Pour elle, il était enfermé, il allait être expulsé."
Fayçal B. a en effet été arrêté le 10 juin pour vol en réunion. Notant une "montée en puissance d'une violence extrême", le préfet avait alors décidé de prononcer une obligation de quitter le territoire français (OQTF) immédiate, entraînant son transfert vers le centre de rétention administrative de Bordeaux. Mais l'ex-conjoint d'Houria en a été libéré dès le 15, pour une erreur de procédure : "tout placement doit faire l'objet d'une notification immédiate au parquet", a expliqué le préfet Pierre N'Gahane à la Charente Libre. "L'arrestation a été compliquée, il s'est bagarré au commissariat, il a fallu le maîtriser et le dossier a été transmis 1h30 après. Le juge a considéré que le délai normal n'était pas respecté."
Comment un tel raté a-t-il pu survenir dans la procédure ? Houria était-elle au courant que son ancien compagnon avait été libéré ? L'enquête devra le déterminer. Interpellé quelques heures après les faits, Fayçal B. a lui été mis en examen et écroué pour tentative d'assassinat sur conjoint.