Accusé de tenir un discours radical, l'imam Mohamed Khattabi a été assigné à résidence à Montpellier. Sans comprendre cette décision.
Depuis mardi, Mohamed Khattabi ne peut plus sortir de chez lui, sauf pour pointer deux fois par jour au commissariat. Lors de la perquisition de son domicile, les autorités n'ont rien trouvé de probant chez l'ancien imam de Montpellier, mais l'homme a été assigné à résidence, comme quelques 265 autres personnes depuis l'instauration de l'état d'urgence.
"On veut me museler." La lettre qu'il a reçue du ministère de l'Intérieur est explicite. Il est écrit noir sur blanc qu'il prononce des prêches antioccidentaux, proches de l'idéologie de l'organisation Etat islamique, incitant au djihad. "On veut me museler. Quand on m'accuse d'avoir une fiche S ou d'être radical, c'est qu'il y a un problème. J'ai été menacé par Daech, les autorités le savent. J'ai reçu des appels de Raqqa en Syrie. Des jeunes qui parlaient français me disaient que l'Etat islamique est une vérité, qu'il faut la rejoindre et la défendre. Je leur ai répondu que l'enfer les attendait, pas le paradis", se défend-il.
Habitué des polémiques. Des propos pourtant très éloignés de ceux qu'il tenait en mars dernier, où il affirmait que "si la femme ne reconnait pas la supériorité de l'homme, elle ira en enfer". C’est un autre prêche, prononcé quelques heures avant les attentats de Paris, qui a alerté les pouvoirs publics. " Le musulman, pour les Occidentaux, c’est un grand géant mais il est en train de dormir et il est malade. Ils ont peur que ce géant malade (…) ne se réveille (…) Qu’est ce qui arrivera ? Il reprendra sa place dans la sphère de la Terre, il reprendra son rôle, il va remettre les pendules à l’heure."
Destitué de sa mosquée en 2014. Jusqu’en janvier 2014, Mohamed Khattabi était considéré comme l’une des plus hautes autorités musulmanes de la ville. Avant d’être destitué de sa qualité d'imam par l’association gestionnaire de la mosquée Averroès, dans le quartier de la Paillade, principal lieu de culte musulman de la ville. Mais sa salle de prière, située dans un hangar au sud de la ville, attire toujours des milliers de fidèles. "Quand on a des idées, quand quelqu'un porte son hijab (voile qui recouvre l'ensemble de la chevelure et une partie du corps) ou qu'un homme porte la barbe, on nous agresse. Pourquoi? On m'a classé radical parce que je n'aime pas les sionistes et que je dis 'Je ne suis pas Charlie'."
Des prises de position qui ne plaisent pas à tout le monde et qui lui ont donc coûté sa place. Sans doute, aussi, à cause de sa proximité avec Raphaël, l'un des jeunes de Lunel, près de Montpellier, parti faire le djihad en Syrie, où il a perdu la vie.