Le ministre de l'Intérieur avait salué vendredi "l'acte héroïque" du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame. Le gendarme, qui s'était proposé comme otage auprès du djihadiste auteur des attaques dans l'Aude, est mort des suites de ses blessures, a annoncé samedi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. "Jamais la France n'oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice", a de nouveau écrit le ministre samedi matin sur Twitter, au lendemain des attaques dont le bilan s'élève désormais à quatre morts.
Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame nous a quittés.
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 24 mars 2018
Mort pour la patrie.
Jamais la France n’oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice.
Le coeur lourd, j’adresse le soutien du pays tout entier à sa famille, ses proches et ses compagnons de la @Gendarmerie de l’Aude. pic.twitter.com/I1h8eO7f9a
Trois coups de feu, puis l'assaut. Arnaud Beltrame, qui se trouvait sur zone, fut l'un des premiers gendarmes à s'être rendu sur les lieux de la prise d'otage. Au moment où il entre dans le supermarché, le terroriste retenait une femme. Le gendarme propose alors d'échanger, de se constituer otage. C'est son téléphone qui sert ensuite à établir le contact avec les forces de l'ordre. Après quelques temps de négociations qui ne donnent rien, trois coups de feu retentissent alors et indiquent que le terroriste s'en est pris au lieutenant-colonel. L'assaillant est abattu par le GIGN. L'officier, lui, grièvement blessé sur le coup, est évacué vers l'hôpital. Il est décédé dans la nuit.
Un ancien de la garde républicaine. Fait chevalier de la Légion d'Honneur en mai 2012, Arnaud Beltrame a toujours fait figure de gendarme modèle. Cet homme marié sans enfant, né dans l'Essonne, est notamment passé par la garde républicaine, où il était chargé du protocole d'accueil des chefs de l'État et du palais de l'Élysée. Puis avait été nommé chef d'escadron à Avranches. "Homme de terrain au grand cœur", "grand relationnel" d'après la presse des différentes régions où il est passé, il avait ensuite fait un pas de côté au ministère de l'Écologie, avant de rejoindre récemment, donc, ce groupement de l'Aude. Fait prémonitoire, en décembre 2017, il avait participé à un exercice simulant une tuerie de masse dans un supermarché de la région, selon le quotidien régional La Dépêche du Midi.
Dans un communiqué, l'Elysée rappelle également qu'il était "sorti major de sa promotion de l'Ecole militaire de Saint-Cyr Coëtquidan" en 1999, ses supérieurs "notant en lui un militaire qui 'se bat jusqu'au bout et n'abandonne jamais'". Il était également sorti "major", en 2001, de l'Ecole des officiers de la gendarmerie nationale.
Un geste hors protocole... mais unanimement salué. Le geste du lieutenant-colonel n'est pas prévu par les procédures établies sous Bernard Cazeneuve après l'attentat du Bataclan. Les premiers sur place sont censés tirer, tout faire pour abattre le terroriste, et non se substituer aux otages. Son geste a toutefois été salué par Gérard Collomb dès vendredi soir : "Je veux saluer le courage du lieutenant-colonel. Un acte d'héroïsme dont sont coutumiers les gendarmes, les policiers qui s'engagent au service de la nation pour protéger nos concitoyens".
Emmanuel Macron a lui aussi rendu hommage samedi au lieutenant-colonel, déclarant que l'officier était "tombé en héros" lors des attaques dans l'Aude et méritait "respect et admiration de la nation tout entière". Arnaud Beltrame a fait "preuve d'un courage et d'une abnégation exceptionnels", a ajouté le chef de l'Etat dans un communiqué.