Près de six mois après les attentats de Paris, la France est de nouveau frappée par une attaque terroriste. Un homme s'est introduit sur le site de l’usine Air Products, à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, où une personne a été retrouvée décapitée. Le principal suspect de cette attaque, Yassin Salhi, a été fiché en 2006 par les services de renseignements pour "radicalisation", selon les déclarations du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Il était "en lien avec la mouvance salafiste". Et pourtant, sa fiche "S" n’a pas été renouvelée en 2008. Mais au fait, c’est quoi cette fiche "S" ?
"S" pour "Sûreté de l’Etat". Cette fiche "S", pour "sûreté de l'Etat" fait partie du plus ancien fichier de police : le Fichier des personnes recherchées (FPR) qui a été créé en 1969. Selon le journal Libération, "400.000 personnes, allant du grand banditisme aux évadés de prison" seraient dans ce fichier.
"Une fiche de mise en garde". Les services de renseignement français décident de mettre telle ou telle personne dans le fichier "S" si elles peuvent constituer une menace potentielle pour la sécurité nationale. "C’est une fiche de mise en garde", nous explique Alain Rodier, directeur de recherche chargé du terrorisme au Centre de recherche sur le renseignement et ancien officier supérieur au sein des services de renseignement. "À chaque contrôle policier ou de gendarmerie, elle ressort sur l'ordinateur des forces de l'ordre, mais pas de quoi déclencher une arrestation", tempère cet expert.
Qui peut faire l'objet d'une fiche "S" ? Comme la notion juridique est relativement floue ("menace potentielle pour la sécurité nationale", ndlr), on peut y retrouver des profils vraiment différents. Les personnes projetant de commettre une action terroriste y figurent bien évidemment. On y trouve également des militants politiques (zadistes, militants anti-OGM, anti-nucléaire,…). On estime à 5.000 le nombre de personnes qui font l'objet d'une fiche "S" en France.
Pourquoi la fiche "S" de Yassin Sahli n’a pas été renouvelée en 2008 ? Pour le moment, il est encore trop tôt pour savoir ce que les services du renseignement français savaient réellement sur Yassin Salhi. Selon le ministère de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, "cet individu aurait été en lien avec la mouvance salafiste mais il n'avait pas été identifié par les services comme ayant participé à des activités à caractère terroriste", a-t-il expliqué pour justifier l’arrêt de la fiche "S", en 2008.
Toutefois, le suspect avait été de nouveau repéré par les services entre 2011 et 2014 pour ses liens avec la mouvance salafiste lyonnaise, a-t-il ajouté.
>> Europe 1 a pu joindre en exclusivité la compagne de Yassin Salhi, l'homme interpellé vendredi :
Attentat en Isère : la compagne du suspect...par Europe1fr