L'enquête se poursuit autour d'éventuelles complicités dont aurait pu bénéficier Sid Ahmed Ghlam dans ses desseins terroristes. Deux hommes ont été arrêtés dimanche, dans les Yvelines, dans le cadre de l'enquête sur cet étudiant algérien soupçonné de l'assassinat d'Aurélie Châtelain et d'un projet d'attentat en avril dernier contre au moins une église.
Les deux suspects, âgés de 35 et 39 ans, ont été interpellés dans les villes voisines de Limay et Mantes-la-Jolie, par les policiers de la sous-direction antiterroriste (SDAT) notamment assistés des hommes du RAID, agissant sur commission rogatoire des juges d'instruction saisis de l'affaire Ghlam. Ils ont été placés en garde à vue peu après six heures. Dans le cadre d'une enquête pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", cette mesure peut durer jusqu'à 96 heures.
Quel rôle ont-il pu jouer auprès de Ghlam ? En avril dernier, un complice présumé de Sid Ahmed Ghlam avait été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et écroué. L'homme avait été interpellé après que son ADN ait été retrouvé sur le bouton d'essuie-glace de la voiture volée ayant servi de "cache d'arme" à l'étudiant algérien, ainsi que sur un gilet pare-balles retrouvé au domicile de ce dernier.
Il apparaît aujourd'hui que les deux hommes interpellés dans les Yvelines gravitaient dans l'entourage de ce suspect. Ces deux individus s'étaient faits récemment remarqués des services de renseignement en raison de leur radicalisation, selon Le Parisien. Dimanche, lors de leurs perquisitions à leurs domiciles, les enquêteurs ont saisi des ordinateurs, des téléphones. "Il appartient maintenant à l'enquête de déterminer le rôle exact que ces deux individus ont pu jouer au sein de l'entourage de Sid Ahmed Ghlam", a souligné le ministre de l'Intérieur.
Des soutiens logistiques. Âgé de 24 ans, Sid Ahmed Ghlam, mis en examen et écroué depuis le 24 avril, est soupçonné de l'assassinat d'une femme, Aurélie Châtelain, à Villejuif et d'un projet d'attentat au nom de l'islam contre au moins une église de cette ville du Val-de-Marne. Moins de quatre mois après les attentats de Paris, le jeune homme avait été arrêté de manière fortuite, dans le 13e arrondissement de Paris, alors qu'il s'apprêtait à commettre un attentat "imminent".
Piloté depuis la Syrie ? Au fil de leurs investigations, les enquêteurs ont acquis la conviction qu'il n'avait pu agir seul, notamment pour mettre la main sur l'important arsenal nécessaire à l'exécution de son projet d'attentat djihadiste. Le procureur de Paris, François Molins, avait alors indiqué que Sid Ahmed Ghlam était "passé à l'acte à la suite d'instructions données vraisemblablement de Syrie et pour le compte d'organisations terroristes". Il a "agi en bénéficiant d'une aide qui s'est traduite par des véhicules et de la fourniture d'armement", avait ajouté le magistrat.
Après analyse du matériel informatique saisi à son domicile, les enquêteurs avaient découvert que Sid Ahmed Ghlam était en contact avec une personne "pouvant se trouver en Syrie", selon le procureur de Paris. Les investigations ont ainsi montré que c'était sur instruction de ce mystérieux commanditaire syrien que Sid Ahmed Ghlam avait trouvé la clé d'une Renault Mégane volée. A l'intérieur du véhicule : tout ou une partie des armes retrouvées après son arrestation fortuite le 19 avril. L'importance de l'arsenal - quatre fusils d'assaut kalachnikov, un pistolet, un revolver, un gilet pare-balles - ont amené les enquêteurs à s'interroger sur la volonté de Sid Ahmed Ghlam d'attaquer seul ou avec des complices.
Fin avril, trois personnes avaient été interpellées dans le cadre de l'enquête sur de possibles complicités, mais une seule d'entre elles, un homme soupçonné d'avoir aidé Sid Ahmed Ghlam, avait été mise en examen. L'ADN de cet homme, qui a nié tout projet d'attaque selon son avocat, avait été trouvé, notamment, sur un gilet pare-balles en possession de l'étudiant algérien.
Ghlam nie les faits. Selon ses avocats, Sid Ahmed Ghlam conteste vigoureusement les faits qui lui sont reprochés, notamment l'assassinat, le 19 avril, d'Aurélie Châtelain, 32 ans, retrouvée morte dans sa voiture. Cette jeune mère de famille originaire de la petite commune de Caudry, dans le Nord, avait été tuée par balle dans son véhicule ensuite incendié, à Villejuif, alors qu'elle s'apprêtait à entamer une formation de Pilates. Ghlam, qui projetait d'attaquer au moins une église, dans cette même ville, aurait ainsi croisé la route de la jeune femme.