Deux hommes interpellés dimanche et soupçonnés d'avoir apporté une aide logistique à Sid Ahmed Ghlam dans son projet d'attentat avorté en avril à Villejuif, ont été mis en examen jeudi par des juges antiterroristes, a annoncé le parquet de Paris.
Détention provisoire requise. Agés de 35 et 38 ans, ces deux complices présumés ont notamment été mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes en relation avec une entreprise terroriste, a précisé le parquet, qui requiert leur placement en détention provisoire. Selon une source proche du dossier, les deux hommes nient avoir eu connaissance des projets de Sid Ahmed Ghlam.
Déférés dans la nuit de mercredi à jeudi devant un juge, les suspects avaient été interpellés à l'aube, dimanche, dans les Yvelines. Le premier à Limay, le second à Mantes-la-Jolie, deux villes voisines où ils résident. Les deux hommes n'ont pas le profil de grands délinquants. Seul le plus jeune a été condamné à du sursis pour recel, en 2013. Le plus âgé, lui, ne porte pas de mention à son casier judiciaire.
Un complice présumé déjà écroué. Fin avril, un premier suspect, un homme de 33 ans, avait été mis en examen et écroué. Lui aussi est soupçonné d'avoir apporté une aide logistique à Sid Ahmed Ghlam. Son ADN avait été retrouvé sur l'un des gilets pare-balles de Ghlam, ainsi que dans une Renault Mégane volée et garée à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. C'est dans ce véhicule qu'était entreposée une partie de l'arsenal découvert en possession de Sid Ahmed Ghlam.
La voiture de Ghlam au cœur du dossier. Ce complice présumé - qui nie toute implication dans un projet d'attaque - avait déclaré lors de sa garde à vue qu'il avait remis cette Renault Mégane, ainsi que des gilets pare-balles, à un autre homme à sa demande. Le plus jeune des deux mis en examen, jeudi, serait cet homme, tandis que l'autre est soupçonné d'avoir été présent lors de la remise du véhicule, a indiqué une source proche du dossier.
C'est pourquoi les deux suspects ont également été mis en examen pour recel de vol en bande organisée - en l'occurrence la Mégane - et usage de fausses plaques d'immatriculation sur cette voiture, en relation avec une entreprise terroriste, a précisé le parquet.
Piloté depuis la Syrie ? Depuis le début de l’enquête, les policiers ont la conviction que Sid Ahmed Ghlam n'a pu agir seul. Le procureur de Paris, François Molins, avait affirmé que Sid Ahmed Ghlam était "passé à l'acte à la suite d'instructions données vraisemblablement de Syrie et pour le compte d'organisations terroristes", après avoir bénéficié "d'une aide qui s'est traduite par des véhicules et de la fourniture d'armement".
Lors de l'arrestation de Sid Ahmed Ghlam, le 19 avril dernier, les policiers avaient retrouvé un véritable arsenal dans sa voiture et dans sa chambre d'étudiant à Paris : quatre fusils d'assaut kalachnikov, un pistolet, un revolver, des gilets pare-balles et des gilets multipoches, des munitions et des documents manuscrits avec des cibles potentielles.
Également suspecté du meurtre d'Aurélie Châtelain. Sur sa route ce matin-là, l'étudiant algérien est soupçonné d'avoir tué par balle une jeune femme, Aurélie Châtelain, retrouvée morte dans sa voiture incendiée, à Villejuif. C'est dans cette ville du Val-de-Marne que Sid Ahmed Ghlam aurait eu pour projet d'attaquer au moins une église, à la demande de commanditaires à l'étranger. Lors de sa mise en examen, il a contesté tous les faits qui lui étaient reprochés, selon ses avocats.