C’est un parcours glaçant qui se dessine. Le procureur de la République de Paris a confirmé mardi le rôle de chef d’orchestre d’Abdelhamid Abaaoud dans les attentats du 13 novembre. Avec force et détails, François Molins est revenu sur le parcours de ce Belgo-Marocain le soir des attaques qui ont fait 130 morts et 350 blessés à Paris. De sa participation dans le commando des terrasses, à son retour glaçant sur les scènes de crime, en passant par sa brève cavale, jusqu’à sa mort lors de l’assaut en Seine-Saint-Denis, Europe 1 revient sur l’itinéraire de cette figure des djihadistes francophones de l'Etat islamique.
"On est parti, on commence". Son rôle d’instigateur apparaît quelques heures avant les premières explosions kamikazes, au Stade de France, en Seine-Saint-Denis. Entre 20h40 et 21h21 - heure de la première attaque kamikaze en marge du match France-Allemagne - Abdelhamid Abaaoud est en relation soutenue par téléphone avec Bilal Hadfi, l’un des trois djihadistes à s’être fait exploser.
Au même moment, Abdelhamid Abaaoud prend part à l'équipée meurtrière devant les terrasses du 10e et 11e arrondissement de Paris : Le Petit Cambodge, Le Carillon, La bonne bière et la Belle équipe. Durant ces attaques, commises en moins de vingt minutes, Abdelhamid Abaaoud est suspecté d’avoir été le destinataire d’un message du commando du Bataclan : "on est parti, on commence".
Il revient observer l’assaut au Bataclan. Accompagné par deux autres djihadistes - Brahim Abdelslam et un individu pas encore identifié - le Belgo-Marocain poursuit sa route, direction Montreuil. Là, il abandonne la Seat Leon, à l’intérieur de laquelle les enquêteurs ont retrouvé une kalachnikov présentant son ADN.
Il est 22h15, le commando du Bataclan sévit encore à l’intérieur de la salle de concert, quand Abdelhamid Abaaoud décide de prendre le métro pour regagner la capitale. Selon les images de vidéo-surveillance, le djihadiste est aperçu à la station Croix de Chavaux, en compagnie d’un second individu non identifié. Dix minutes plus tard, tous deux sortent à la station Nation.
La géolocalisation de son téléphone montre, qu'entre 22h28 et 00h28, l'organisateur présumé des attentats s'est rendu dans le 10e, 11e et 12e arrondissement. Alors que l’assaut était toujours en cours au Bataclan, Abdelhamid Abaaoud est revenu sur les lieux, à quelques centaines de mètres des hommes de la BRI et du RAID.
Sa cousine le retrouve, caché derrière un buisson. Les 48 heures suivant les attentats, Abdelhamid Abaaoud les passe entre la Courneuve et Aubervilliers, avant de contacter sa cousine Hasna Ait Boulahcen, pour qu’elle lui trouve un lieu de repli. Selon les écoutes téléphoniques réalisées par les enquêteurs, cette dernière est alors mise en contact avec Jawad Bendaoud, qui leur met à disposition un logement contre rémunération. Le rendez-vous est fixé le mardi 17 novembre à 22 heures. Abdelhamid Abaaoud et un second individu sont cachés derrière un buisson lorsque Hasna Ait Boulahcen vient les chercher. Tous les trois se retranchent alors dans l’appartement de la rue du Corbillon, en Seine-Saint-Denis.
Quelques heures plus tard, au petit matin, l’assaut est donné par les membres du Raid. Il fera trois morts : Abdelhamid Abaaoud, sa cousine et son complice. Ce dernier n'a pas été identifié par les fichiers français. Mais son ADN est présent sur la kalachnikov retrouvée dans le véhicule laissé à Montreuil. Ce qui laisse penser qu’il s’agit du troisième homme du commando des fusillades des bars.
Il projetait d’attaquer La Défense. Sans donner plus de détails sur les éléments qui ont permis de l'attester, le procureur a révélé que les deux individus projetaient de se faire exploser à La Défense, dans les Hauts-de-Seine, le 18 ou le 19 novembre. Ce sont notamment les constatations opérées dans l'appartement où s'était retranchés les djihadistes qui ont permis d'étayer cette piste. Deux ceintures d'explosifs ont été retrouvées à la suite de l'assaut de Saint-Denis, où la folie vengeresse Abdelhamid Abaaoud a pris fin, sous les balles des membres du Raid.