"On est parti, on commence". Ce message marque le début de la tuerie la plus meurtrière du 13 novembre. Il est 21h42. Ismaël Omar Mostefaï, Samy Amimour et Foued Mohamed-Aggad viennent de garer leur Polo noire devant le Bataclan. A l’intérieur, 1.500 personnes remuent la tête au son du rock des Eagles of Death Metal. A l’extérieur, trois personnes meurent sous les balles des terroristes. Les rescapés se réfugient à l’intérieur du Bataclan, pris au piège, l’assaut débute.
"Une triple coordination". Ce message marque le début d’un cauchemar long de deux heures. Il étaye aussi la piste selon laquelle les trois commandos étaient pilotés en temps réel depuis la Belgique. Si on savait que les commandos du Stade de France et des terrasses étaient en contact le soir des attaques, les enquêteurs évoquent désormais "une triple coordination", chapeautant l’ensemble des opérations à distance, révèle Le Monde qui a pris connaissance des quelque 6.000 procès-verbaux de l’enquête.
Une ligne pour communiquer avec le commando du Bataclan. Les enquêteurs ont mis au jour deux lignes suspectes ouvertes en Belgique. Deux lignes qui pourraient appartenir à une seule et même personne. La première a été ouverte le 12 novembre à 22h24. Elle se désactive juste après la réception du SMS : "on est parti, on commence", envoyé par les terroristes du Bataclan. Cette ligne belge totalise seulement vingt échanges, établis avec un seul et même numéro, celui qui a été utilisé par les djihadistes du Bataclan. Le téléphone de ces derniers a été retrouvé dans une poubelle non loin de la salle de spectacle.
Une autre en lien avec Abbaaoud. Un second numéro belge était en contact avec les terroristes des attentats de Paris, plus précisément avec Abdelhamid Abaaoud, le conducteur du commando des terrasses, présenté comme un des chefs d’orchestres des attaques. Ce numéro a lui aussi "borné" en Belgique, au même endroit où se trouvait la première ligne qui a reçu le SMS du commando du Bataclan. Les enquêteurs soupçonnent donc qu’une seule et même personne a coordonné les attaques depuis la Belgique. La ligne ayant été coupée juste après le début de l’assaut dans la salle de spectacle, son destinataire n’a pas pu être identifié.
Des recherches sur la salle du Bataclan. L’analyse du Samsung a permis d’obtenir des précisions sur la préparation de l’attaque. Le jour des attentats, à 14 heures, le propriétaire du téléphone a téléchargé la messagerie sécurisée Telegram, révèle Le Monde. Il a ensuite cherché plusieurs heures sur Internet des photos et des plans détaillés de la salle du Bataclan. Il a également récupéré la programmation hebdomadaire de la salle de spectacle, avant d’effectuer la recherche "Eagles of Death Metal + White Miles au Bataclan". Selon les analyses ADN, de deux des trois terroristes du commando ont manipulé ce téléphone.