C'est un raté de plus pour les services antiterroristes belges. Dans un rapport accablant, la police des polices outre-quiévrain, "le Comité P", pointe les défaillances et manquements dans le suivi du dossier de Salah et Brahim Abdeslam. L'un est le seul survivant des commandos ayant frappé Paris le 13 novembre, l'autre s'est fait exploser devant un bistrot du 11e arrondissement après avoir semé la mort sur les terrasses des cafés parisiens. Ce rapport a été présenté en huis clos devant une commission parlementaire, mardi, rapporte le site de la chaîne publique belge RTBF, qui a pu le consulter.
Défaut de surveillance. Auditionnés par les policiers début 2015 alors qu'ils étaient suspectés de radicalisation et de vouloir rejoindre la Syrie, les frères Abdeslam n'ont pourtant pas été surveillés comme le parquet fédéral l'avait réclamé. Le parquet souhaitait également que les téléphones et mails des deux frères soient analysés, mais là non plus, les policiers ne disposaient pas d'effectifs ni de moyens suffisants pour faire le nécessaire.
"A suivre quand on en a les moyens". A l'époque, alors que de nombreux autres individus nécessitent une surveillance, celle des frères Abdeslam n'est pas considérée comme prioritaire. Selon la RTBF, le dossier a été classé en catégorie 2, autrement dit "A suivre quand on en a les moyens". Une étiquette rouge a également été accolée au dossier : si elle signale l'urgence du dossier, selon Le Soir, la gestion de celui-ci est renvoyée à d'autres services. Mais tous souffrent du manque d'effectifs.
Un peu plus de cinq mois avant les attentats de Paris, le dossier de Salah et Brahim Adeslam est donc finalement classé sans suite, le 21 avril. Après ce compte-rendu de la police des polices, la section antiterroriste belge a dénoncé "un rapport exclusivement à charge".