Accroître le pouvoir et les effectifs des forces de police, prolonger l'état d'urgence... Le gouvernement a annoncé vouloir pérenniser les mesures rendues possibles par l'état d'urgence. Une évolution que le nouveau bâtonnier de Paris, Frédéric Sicard, a jugé inquiétante si elle ne s'accompagnait pas d'une volonté de préserver en parallèle les droits de l'homme. Pour lui, prolonger l'état d'urgence n'a pas de sens si cela ne s'accompagne pas d'une augmentation des moyens de la justice. "En matière de justice, nous avons un budget moldave", a-t-il regretté.
Plus de moyens, plutôt que l'état d'urgence. "Je n'ai pas compris quel était l’intérêt de la prolongation de l'état d'urgence d'un point de vue technique", a déclaré le nouveau bâtonnier de Paris, qui a rappelé que son rôle était "non pas de faire de la politique, mais d'exprimer le point de vue technique des avocats". "On n'a pas vraiment besoin de l'état d'urgence, ce dont on a besoin en urgence c'est de moyens", a-t-il estimé. Les parquets notamment sont débordés. "On n'a pas assez de moyens tant en matière de police qu'en matière de justice. Ce n'est pas une plaisanterie. Nous consacrons en matière de justice 10 centimes par Français et par jour. On a le même budget que la Moldavie qui n'est pas tout à fait la même puissance financière et économique que la France", a souligné Frédéric Sicard.
La légitime défense en danger. Pour le bâtonnier de Paris, "il n'y a pas de raisons d'opposer sécurité et droits de l'homme". Il s'inquiète notamment d'un assouplissement de la légitime défense. "On a mis deux siècles à mettre en place le système de légitime défense, et maintenant on revient en arrière. Les terroristes veulent justement un retour en arrière, une société rétrograde et abjecte", s'est-il indigné. Pour lui, cette évolution est inquiétante. "Il faut que cette société pense à la préservation des droits de l'homme", a insisté Frédéric Sicard, qui appelle à un "Habeas Corpus à la français". "J'ai envie de sécurité, mais pas indépendamment de la préservation des droits de l'homme", conclut-il.