Trente-cinq personnes ont été condamnées vendredi à Paris à des peines allant d'une amende avec sursis à huit ans de prison, au procès d'une affaire de blanchiment à grande échelle de l'argent du cannabis dans laquelle des fraudeurs fiscaux étaient mis à contribution, baptisée "Virus".
Réseau démantelé en 2012. Au terme de cinq semaines de procès, le tribunal correctionnel de Paris est allé légèrement au-delà des réquisitions à l'encontre des principaux acteurs des opérations de blanchiment, mais a relaxé au total quatre prévenus. Trafiquants présumés, collecteurs d'espèces, banquiers occultes suisses et exilés fiscaux français : les prévenus âgés de 29 à 80 ans étaient jugés pour leur participation, à des degrés divers, à ce vaste réseau franco-suisse de blanchiment. Ce réseau, soupçonné d'avoir recyclé des centaines de millions d'euros de l'argent de la drogue, avait été démantelé à l'automne 2012, après une enquête classique sur un trafic de résine de cannabis entre le Maroc et la région parisienne.
La plus lourde peine d'emprisonnement, huit ans, assortie d'une amende de 200.000 euros, a été prononcée contre Rachid Mimoun, un Franco-Algérien de 45 ans, qui a reconnu avoir importé deux tonnes de résine de cannabis vers la région parisienne. Des mandats d'arrêt ou des maintiens en détention ont été prononcés contre les principaux trafiquants du réseau, qui opéraient en Île-de-France. L'un a en revanche été relaxé.
Peines légèrement inférieures aux réquisitions. Le tribunal a également demandé deux mandats d'arrêt à l'encontre des deux principaux acteurs du blanchiment, Simon Perez, un "saraf", un "changeur" marocain au contact des fournisseurs de stupéfiants et des collecteurs, et Meyer El Maleh, un "professionnel de la finance" qui avait fait de sa société basée à Genève une spécialiste du blanchiment de la fraude fiscale. Ils ont tous deux été condamnés à six ans de prison et un million d'euros d'amende, en leur absence.
Trois exilés fiscaux, clients de "l'officine" suisse, ont été relaxés. Six autres ont été condamnés à des peines allant d'une confiscation de biens à deux ans avec sursis et 300.000 euros d'amende. Le 10 octobre, la procureure avait requis des peines allant jusqu'à neuf ans de prison contre les protagonistes de cette affaire, présentant selon elle le "visage de la criminalité organisée moderne".