Une amende de 2.000 euros assortie d'un sursis simple a été requise mercredi contre un universitaire qui comparaissait pour avoir, dans des mails internes à son établissement, ironisé et repris des déclarations de Manuel Valls, sur les "blancos". Le jugement sera rendu le 10 février.
Potentiellement raciste. "Ce que je reproche à M. Mezzadri c'est de poser dans le débat la question de la distinction de race et de couleur dans la définition de la valeur d'un établissement universitaire. On entre dans un discours potentiellement raciste", a estimé le procureur, Bernard Marchal. "C'est fondamentalement en activant ce problème-là que vous entrez dans le champ d'incriminations", a-t-il ajouté.
Plus de "blancos" pour la photo. A l'approche d'une rencontre avec le Premier ministre, Bernard Mezzadri, enseignant-chercheur âgé de 55 ans, avait écrit le 27 mai dans un mail interne à l'université : "J'espère qu'en cette grande occasion la délégation de l'UAPV (Université d'Avignon et des pays de Vaucluse, ndlr) comptera suffisamment de "blancos" (et pas trop de basanés), afin de ne pas donner une trop mauvaise image de notre établissement", avant de qualifier Manuel Valls de "chasseur de Roms". Ces propos faisaient notamment référence à des images de Manuel Valls datant de 2009, dans lesquelles celui qui était alors député-maire d'Evry, dans le Essonne demandait à ses équipes de rajouter des "whites" et des "blancos" dans le décor.
"Je dénonce le racisme et la xénophobie de Manuel Valls. Ce n'est pas mon expression, c'est celle de Manuel Valls, je la cite ironiquement", s'est défendu avec aplomb le maître de conférence, qui enseigne le grec et le latin. "Le message d'annonce de l'université était particulièrement enthousiaste et je souhaitais doucher un peu cet enthousiasme en rappelant quelques antécédents" du Premier ministre, a-t-il expliqué.
"Provocateur de salon". Me Patrick Gontard, l'avocat de l'université d'Avignon et des pays de Vaucluse (UAPV), qui avait signalé les propos au procureur et au recteur, a qualifié le professeur de "provocateur de salon" et son message d'"offusquant". Un groupe de personnes s'est rassemblée devant le palais de justice d'Avignon peu avant l'audience mercredi après-midi pour soutenir le professeur Bernard Mezzadri, qui comparaissait devant le tribunal correctionnel pour provocation à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race.