Jusqu'où remontera l'enquête ? Europe 1 a eu accès au contenu des écoutes téléphoniques ordonnées par les juges sur quatre cadres de la SNCF dans l'enquête sur l'accident de train de Brétigny-sur-Orge, qui avait fait sept morts en juillet 2013. A travers elles, on comprend que les enquêteurs essaient de remonter la chaîne des responsabilités dans la hiérarchie de l'entreprise.
"Je suis pour vous à 100%". Cela remonte même tout en haut. Un expert judiciaire indépendant apparaît ainsi dans les conversations, alors qu'il a rendez-vous avec Guillaume Pépy, le grand patron de la SNCF. Au téléphone, l'expert, pressenti pour intervenir dans le dossier, exprime clairement sa position : "Je suis pour vous à 100%, à 200%". Et il se vante : "Sur 567 magistrats instructeurs, j'en connais 320".
Des rapports dissimulés ? A la direction juridique de l'entreprise, la fébrilité est palpable. Dans une conversation, une cadre désigne par exemple les rapports techniques internes comme des "mines d'or". "Evite de les donner aux policiers", indique-t-elle à un responsable technique. A propos des rapports considérés comme trop dérangeants, elle n'hésite pas à préciser : "T'en changeras pas le fond, mais si on mettait certains mots mieux choisis, disons que tu accepterais".
"Le matériel est usé, il y a plein de choses non conformes". Sur le terrain, là aussi, la situation est tendue. Quand on parle de maintenance, un responsable est exaspéré. Il évoque "des équipes de nuit qui plient bagage à 2 heures du matin". Les responsables techniques, eux aussi, s'inquiètent. "Le matériel est usé, il y a plein de choses non conformes", disent-ils. Un cadre évoque une autre éclisse cassée, des mois après l'accident, avec ce commentaire spontané : "Ouais, c'est comme d'habitude".