De fortes chaleurs entraînant des risques d'éboulements : l'ascension du Mont-Blanc par sa voie normale, qu'empruntent chaque été des milliers d'alpinistes, est "fortement déconseillée". Les compagnies de guides ont suspendu les ascensions par cet itinéraire, jugé trop dangereux. "Le risque doit être pris très au sérieux", a souligné le préfet de Haute-Savoie, Georges-François Leclerc.
Passage particulièrement critique : le "couloir de la mort". La préfecture et la mairie de Saint-Gervais-les-Bains, qui compte une partie du Mont-Blanc sur son territoire, ont fermement mis en garde les alpinistes vendredi face aux "importantes chutes de pierres" qui se produisent dans le couloir du Goûter depuis quelques jours. Ce passage, aussi surnommé "couloir de la mort", y est régulièrement exposé.
Ainsi, entre 1990 et 2011, 74 alpinistes y sont morts, selon les chiffres de la gendarmerie. Mais le phénomène s'accentue en période de canicule, quand la neige et la glace fondent et que plus rien ne retient les rochers. Or, l'hiver dernier a été particulièrement avare en chutes de neige et les trois semaines de fortes chaleurs depuis fin juin ont fini de faire fondre le manteau neigeux.
Des éboulements inédits. "Dans le couloir du Goûter, il n'y a plus de neige", explique Jean-Christophe Beche, président de l'office de haute montagne de Chamonix. Situé sur la voie d'ascension la plus fréquentée du Mont-Blanc, dite "voie normale" ou "voie royale", ce couloir voit passer 17.000 alpinistes par été (à la montée ou à la descente), selon une étude de la fondation Petzl menée à l'été 2011.
Mais jeudi, un alpiniste a été emporté par un éboulement à 04h30 du matin, heure à laquelle les chutes de pierres sont d'habitude rares en raison du regel nocturne. Il faut ces derniers jours grimper à plus de 4.400 mètres d'altitude pour trouver des températures négatives, même la nuit. La semaine dernière, il fallait même atteindre 4.900 mètres d'altitude, soit au-dessus du sommet du Mont-Blanc, qui culmine à 4.810 mètres.
Les guides suspendent l'ascension vers la voie normale. Face à cette situation critique, les compagnies des guides de Saint-Gervais et de Chamonix ont suspendu les ascensions du Mont-Blanc par la voie normale, malgré les importants revenus générés par cette course, la plus demandée dans la région.
L'ascension du Toit de l'Europe est reste toujours possible par d'autres voies comme celle "des Trois Monts", qui part de Chamonix, ou "la voie du Pape" par le versant italien, des itinéraires moins empruntés et plus difficiles. "Et une multitude d'autres sommets sont en très bonne condition", souligne David Ravanel, président de la compagnie de Chamonix.
La gendarmerie en opération dissuasion. La voie du Goûter n'est de toute façon pas formellement interdite aux alpinistes amateurs et aux centaines de guides n'appartenant pas aux compagnies locales. Mais les gendarmes, qui régulent la fréquentation depuis trois ans sur le Mont-Blanc, seront chargés dans les prochains jours de "dissuader" les candidats.
"Ce sera une dissuasion très claire. Nous mettrons les alpinistes en face de leurs responsabilités", a souligné le préfet. Un tel dispositif avait déjà été instauré pendant plusieurs jours durant les étés 2003, 2006 et 2012. Reste à savoir combien de temps il durera cette année.