La cour d'appel de Paris a validé mardi les enregistrements clandestins qui ont abouti à la mise en examen de deux journalistes français pour chantage et extorsion à l'encontre du roi du Maroc, a-t-on appris auprès des avocats. L'avocat de la journaliste Catherine Graciet, Me Eric Moutet, a immédiatement annoncé un pourvoi devant la Cour de cassation.
L'abandon d'un livre. Catherine Graciet et Eric Laurent sont soupçonnés d'avoir voulu extorquer de l'argent au Maroc en échange de l'abandon d'un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat. Ils avaient été interpellés le 27 août, en possession de 80.000 euros en liquide, au sortir d'une réunion avec un émissaire du Maroc, enregistrée à leur insu par leur interlocuteur. Cela avait été déjà le cas pour deux rencontres précédentes, entre Eric Laurent et cet émissaire, l'avocat Hicham Naciri.
Pas de chantage, selon les journalistes. Les deux journalistes, qui reconnaissent un accord financier mais réfutent tout chantage, attaquaient la procédure devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel, en demandant l'annulation des enregistrements des deuxième et troisième rendez-vous.
Des enregistrements remis en cause. Leurs avocats reprochent au parquet de Paris puis aux juges d'instruction d'avoir laissé l'émissaire marocain procéder lui-même aux captations, avec son téléphone, alors qu'une procédure judiciaire était ouverte après le premier rendez-vous. Or, selon eux, dans un tel cadre, la sonorisation d'un lieu répond à des règles plus strictes. L'annulation de ces enregistrements, qui a été refusée par la cour d'appel, aurait affaibli la procédure.