Le 5 juillet 2020, Philippe Monguillot, 59 ans, marié et père de trois filles majeures, avait été frappé par deux passagers dans le bus qu'il conduisait, après avoir porté un coup de tête à l'un d'eux. Laissé en état de mort cérébrale à côté de son véhicule, il avait succombé après cinq jours de coma à l'hôpital. Ses deux agresseurs présumés comparaissent à partir de vendredi devant la cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques. Les deux accusés principaux, âgés de 25 ans, déjà condamnés dans le passé pour d'autres faits, sont jugés pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
>> À ÉCOUTER - «On va te tuer» : pour Véronique Monguillot, veuve du chauffeur de bus tué à Bayonne en 2020, c’était un meurtre
"On a un territoire qui évolue"
Trois ans après le drame, Laurent, chauffeur de bus à Bayonne, reste traumatisé par la mort de son collègue. "Il était surnommé le tigre, on a une énorme peluche de tigre dans nos vestiaires qui nous fait penser à lui tous les jours", rapporte celui qui habite dans le sud de la France. Pour lui, il faut renforcer les moyens dédiés à la sécurité.
"Aujourd'hui, on a un territoire qui évolue, de plus en plus de monde qui prend les transports, et une équipe, lorsqu'un incident se passe à dix kilomètres d'un point, ne peut pas intervenir comme il se doit. Il faudrait que les équipes de sécurité se répandent", a rapporté Laurent au micro d'Europe 1. "Les tensions et les incivilités sont fréquentes", insiste Jérôme, un autre collègue chauffeur de bus de Bayonne. Depuis le drame de 2020, ce quadragénaire fait beaucoup plus attention au volant de son bus.
"Quelqu'un qui n'a pas de titre transport et qui ne valide pas, je ne vais pas lui courir après pour lui dire de valider son titre. On voit qu'il ne faut pas grand-chose pour que ça démarre. Il y a des choses que j'aurais pu faire et que j'aurais pu dire il y a quelques années, désormais, je m'y prends à deux fois avant de le faire. C'est de l'incivilité et si on répond, ça devient de l'agressivité", a ajouté Jérôme. Laurent, Jérôme et les chauffeurs de bus de la côte basque se relayeront chaque jour pour assister au procès qui ouvre à Pau ce matin.