Jugés pour l'évacuation violente d'un amphithéâtre occupé de la faculté de droit de Montpellier en 2018, l'ex-doyen Philippe Pétel a été condamné vendredi à 18 mois de prison avec sursis, et l'ex-professeur Jean-Luc Coronel, membre du commando, à six mois ferme. Ces "deux éminents juristes ont fait le choix conscient et déshonorant de basculer du côté obscur de la force" en faisant "intervenir des nervis dans une enceinte de faculté de droit", avait fustigé le procureur Fabrice Bélargent lors de ses réquisitions le 21 mai dernier.
Le magistrat avait alors notamment réclamé des peines de 18 mois de prison avec sursis et 5 ans d'interdiction de toute fonction publique contre Philippe Pétel, et 10 mois de prison ferme éventuellement assortis d'une détention à domicile et cinq ans d'interdiction de la fonction publique contre Jean-Luc Coronel, qui fait aujourd'hui partie des enseignants de l'école de Marion Maréchal à Lyon.
Philippe Pétel, qui a admis lors du procès avoir "donné son aval" au coup de force, a également été condamné à deux ans de suspension de la fonction publique et Jean-Luc Coronel, jugé en état de récidive légale et qui s'était retranché derrière un "commandement" de son ex-supérieur pour se dédouaner, à un an avec néanmoins l'obligation de travailler.
Patricia Margand, l'épouse du professeur, soupçonnée d'avoir recruté les autres membres du commando, a été condamnée à la même peine que son mari, de 6 mois de prison ferme, qu'elle devra comme lui exécuter à son domicile, sous surveillance électronique. Le tribunal correctionnel de Montpellier a ainsi prononcé une peine de prison ferme contre la complice, alors que le procureur avait requis contre elle un an de prison avec sursis.
"Détestation de l'extrême gauche"
Martial Roudier, fils du fondateur du groupuscule identitaire de la Ligue du Midi, accusé d'avoir fait partie du commando et jugé en état de récidive, a quant à lui écopé de la peine la plus sévère avec un an de prison ferme, conforme aux réquisitions. Trois autres exécutants, un ex-officier supérieur, un chômeur et un jouteur sétois, ont été condamnés à six mois de prison ferme, sous bracelet électronique.
Dans un contexte de contestation sociale, une dizaine d'étudiants et militants qui occupaient un amphithéâtre de la faculté de droit avaient été blessés dans la nuit du 22 au 23 mars 2018 par un commando dont certains membres étaient cagoulés et armés de planches et d'un pistolet à impulsions électriques. Les images de l'expédition punitive avaient vite circulé sur les réseaux sociaux, suscitant stupeur et indignation.
Les sept prévenus ont été reconnus coupables vendredi de violences volontaires en réunion et complicité.
"Personne ne peut se substituer à l'Etat pour exercer des violences", avait martelé le procureur lors de leur procès. "Le plus petit dénominateur commun" entre les sept prévenus, ayant tous sauf le doyen des liens avérés avec l'extrême droite, est "une détestation de l'extrême gauche", avait analysé le magistrat.
Dénonçant une justice "partiale" et "bourgeoise", les victimes s'étaient désistées dès le début du procès. "22 mars, ni oubli ni pardon" ont inscrit vendredi matin à côté d'un poing fermé sur fond rouge certains des proches de victimes sur une pancarte fixée sur les grilles du tribunal.