Des médias ont-ils mis en danger l'employé de l'entreprise où étaient retranchés les frères Kouachi en révélant qu'il s'y cachait ? Lilian Lepère, qui s'était réfugié plus de huit heures sous l'évier de l'imprimerie de Dammartin-en-Goëlle, deux jours après la tuerie de Charlie Hebdo, a porté plainte pour mise en danger de la vie d'autrui contre TF1, France 2 et RMC. Le jeune homme leur reproche d'avoir dévoilé sa présence sur les lieux, alors que les frères Kouachi se trouvaient toujours à l'intérieur. Le parquet de Paris a ouvert une enquête jeudi dernier à la suite de cette plainte. Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la PJ parisienne, a indiqué une source judiciaire.
"Un risque certain" pour Lilian. Dans une série d'avertissements lancés en février, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) avait reproché à France 2, TF1 et RMC d'avoir signalé qu'une personne était cachée dans l'imprimerie. "La divulgation de ces informations en temps réel, alors même que les frères Kouachi, armés et déterminés, étaient susceptibles de suivre le déroulé des opérations, a fait courir un risque certain à Lilian", a estimé l'avocat de Lilian Lepère, dans les colonnes du Parisien. Il avait finalement été libéré lors de l'assaut du GIGN, sans que les frères Kouachi ne connaissent sa présence sur les lieux.
D'autres médias mis en cause. Le quotidien précise que "l'enquête en cours sur les attentats a permis de découvrir que les deux terroristes étaient équipés d'une radio, en plus de leurs téléphones portables respectifs". TF1, France 2 et RMC n'ont pas réagi à cette information. D'anciens otages du supermarché Hyper Cacher avaient déjà plainte pour mise en danger de la vie d'autrui contre BFMTV, en avril dernier. Le CSA avait également adressé à 16 médias (dont Europe 1, qui a déposé un recours depuis) 21 mises en demeure relatives à leur couverture des attentats de Paris.