Un an après le déraillement d'un TGV d'essai en Alsace, qui avait fait 11 tués et 42 blessés, les familles attendent la "vérité" sur les causes de l'accident et la "justice", a affirmé l'une d'elles à l'issue d'une cérémonie organisée lundi sur place. "A ce jour, la sérénité douloureuse de notre deuil ne va pas sans ces deux exigences", a expliqué devant la presse Arthur Mary, porte-parole de l'une de ces familles en deuil. Sa soeur, Fanny, est morte à 25 ans : elle avait pris place dans ce train au côté de son compagnon, ingénieur chez Systra, filiale de la SNCF chargée des essais, pour ce qui devait être le dernier test avant la mise en service du dernier tronçon de la ligne Paris-Strasbourg.
"Nous souhaitons que tous les responsables, à chaque niveau des chaînes de décisions, rendent des comptes à la société de ce qu'ils ont pris des risques dangereux et conduit à la mort", a développé Arthur Mary dans une déclaration lue devant les journalistes.
Une cérémonie d'hommage. Un peu plus tôt, environ 200 à 250 personnes, selon la SNCF, s'étaient recueillies sur les lieux de la tragédie à Eckwersheim, à une vingtaine de kilomètres de Strasbourg, lors d'une cérémonie "intime", hors la présence de la presse. Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, et celui de SNCF Réseau, Patrick Jeantet, ont pris part à ce moment de recueillement. "A dire vrai, la présence de la SNCF à cette commémoration est paradoxale : car c'est à la fois une entreprise qui pleure des collègues disparus, et en même temps l'entreprise civilement responsable des 11 vies perdues et qui pourrait bien se trouver mise en examen pour 11 homicides", a commenté à ce propos Arthur Mary.
Trois personnes mises en examen. A ce jour, deux employés de la SNCF et un salarié de Systra - tous présents dans la cabine de pilotage le jour de l'accident - ont été mis en examen pour "homicides et blessures involontaires". L'enquête a notamment mis en évidence que la rame roulait beaucoup trop vite au moment du drame.