Des hauts magistrats et des députés de gauche comme de droite réclament un nouveau procès de l'ancien trader de la Société générale, Jérôme Kerviel, jugeant que plusieurs déclarations ont jeté le trouble sur la façon dont les charges ont été construites. Les signataires de cette tribune, publiée mercredi par L'Opinion.fr, se fondent sur le témoignage de la policière qui a mené l'enquête mais également d'une magistrate du parquet enregistrée à son insu.
"La justice doit être irréprochable". "La justice doit être irréprochable. Si elle s'est trompée, c'est parce qu'elle a été trompée. Non seulement elle peut le reconnaître, mais elle en a le devoir", écrivent-ils. "Elle a, en tout cas, celui d'offrir maintenant à Jérôme Kerviel un procès dont les preuves ne soient pas truquées", ajoutent les signataires, parmi lesquels Yves Charpenel, premier avocat général à la Cour de cassation, et Jean de Maillard, premier vice-président adjoint au tribunal de grande instance de Créteil, mais aussi la magistrate Hélène Franco, ancienne secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, le député socialiste Yann Galut et le député les Républicains Georges Fenech.
Doutes relancés. L'ancien trader de la Société Générale, accusé d'avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros à la banque en 2008, a été condamné une première fois en 2010 à cinq ans de prison dont trois fermes, puis à nouveau en appel en 2012, une peine confirmée par la Cour de cassation en 2014. Mais deux témoignages ont relancé les doutes ces derniers mois, celui de Nathalie Le Roy, la policière de la Brigade financière alors en charge de l'enquête, et celui, enregistré à son insu, d'une ancienne magistrate du parquet de Paris qui a également suivi le dossier Kerviel.
"Cet enregistrement dévoile l'inconcevable". "Le procédé est déplaisant ? Peut-être", écrivent les signataires au sujet de la bande son clandestine sur laquelle apparaissent les propos de l'ancienne vice-procureure mettant en cause sa hiérarchie et la Société générale. "Il n'en reste pas moins que cet enregistrement dévoile l'inconcevable, qui est aussi l'essentiel : un membre du parquet affirme que la Société générale, employeur de Jérôme Kerviel et partie civile au procès, n'a cessé de mentir devant les juges, et que certains magistrats du ministère public eux-mêmes se seraient associés à ses mensonges", poursuivent-ils.
Décision le 21 mars de la Cour de révision. L'affaire Jérôme Kerviel n'est pas encore définitivement close : la défense de l'ancien opérateur de marché a saisi la commission d'instruction de la Cour de révision, laquelle se prononcera le 21 mars. La cour d'appel de Versailles le jugera par ailleurs au civil, à la mi-juin, pour sa responsabilité dans la perte des 4,9 milliards d'euros à l'origine de ce dossier.